La population congolaise risque de ne pas bénéficier de l’électricité du Projet Inga III, redoutent l’ONG Resource Matters et le Groupe d’études sur le Congo, dans leur rapport publié lundi 28 octobre. D’après ce document, la quasi-totalité de l’électricité à produire est d’ores et déjà réservée à l’exportation et aux industries minières. Ce rapport présente quelques principaux écueils à une meilleure distribution de l’électricité attendue du projet Inga III aux populations congolaises.
Le premier écueil relevé est que le contrat du plus gros site hydroélectrique au monde « a été négocié à huis clos, » selon Resource Matters et le Groupe d’étude sur le Congo. Depuis 2015, l’Agence pour le développement et la promotion du Projet Grand Inga (ADPI), une structure placée sous tutelle de la présidence de la République, gère seule le dossier.
En octobre 2018, l’ADPI a signé un « accord de développement exclusif » avec le Groupement Chine d’Inga et le Groupe ProInga (majoritairement espagnol). L’accord n’a pas été rendu public, note le rapport.
Le deuxième écueil porte sur « la répartition de l’électricité d’Inga III. » Ce projet de près de 14 milliards de dollars vise à générer au moins 10 gigawatts. La moitié, soit 5 gigawatts, a d’office été promise à l’Afrique du Sud. Il était question de réserver 3 gigawatts à la RDC. Avec un risque réel d’en accorder une grande partie aux industries minières installées dans le pays, plutôt qu’aux habitants.
Par ailleurs, cette exigence de réserver au pays 3 gigawatts sur 10 n’a pas été retenue dans l’accord conclu entre l’ADPI et les consortiums, indiquent Resource Matters et le Groupe d’étude sur le Congo.
Avec l’avènement à la tête du pays de Félix Tshisekedi, qui a promis d’améliorer l’accès à l’électricité pour la population, selon le rapport, « il est temps de recadrer Inga III dans une stratégie globale sur les meilleures pistes d’électrification de la RDC. »