Le président du Mouvement de libération du Congo (MLC), Jean-Pierre Bemba, explique le bien-fondé de la marche de toute l’opposition prévue vendredi 26 octobre. Depuis Bruxelles où il séjourne, le sénateur congolais s’exprime également sur l’évolution des discussions autour d’un programme commun et d’une candidature unique de l’opposition à la présidentielle. Voici l’intégralité de l’interview réalisée par Ascain Zigbia :
Radio Okapi : Ce dernier temps vous ne cessez de multiplier des contacts avec vos militants pour les encourager à participer à la marche de l’opposition prévue ce vendredi 26 octobre 2018. Vous l’avez fait ici à Kinshasa, récemment à Mbandaka par vidéo-conférence. Pourquoi appuyez-vous l’organisation d’une telle marche, à deux mois presque de la tenue des élections ?
Jean-Pierre Bemba : Parce que d’abord la CENI, principalement la présidence du bureau de la CENI est sourde à l’appel de la population, des cadres et des candidats aux différentes élections, qui sont en train de se plaindre de ce qu’on appelle aujourd’hui la « machine à tricher (machine à voter), et surtout les noms des dix millions d’électeurs fictifs qui sont déjà mis en place pour pouvoir déjà faire gagner des candidats à tous les niveaux des élections et pouvoir se créer une majorité et mettre en place un chef d’Etat sur base des dix millions des fictifs.
Contrairement à ce que doivent être des élections dans un Etat démocratique, qui doivent être l’inspiration et l’émanation du peuple... Ce qui se fait qu’à partir du moment où il n’y a pas de dialogue et de coopération au niveau de la CENI, il n’est jamais trop tard pour pouvoir appeler la population - qui est le souverain primaire - de pouvoir se déterminer, bien sûr pacifiquement, conformément à la constitution et aux droits qui sont réservés au peuple de pouvoir manifester en informant les autorités.
Est-ce qu’avec une telle marche, peut-on dire que vous êtes sur le schéma du boycott des élections ou le contraire ?
Ce n’est pas le boycott. Aujourd’hui, ce que nous appelons, c’est que la CENI revienne à la raison. Ou alors que ce qui sera fait, s’il devait le maintenir, c’est qu’effectivement, elle confirme qu’elle est en train de mettre en place la plus grande fraude électorale avec une affaire de machine à voter qui n’a jamais été testée nulle part dans le monde. Je pense qu’il n’y a personne qui est dupe. Aujourd’hui, nous connaissons le schéma.
Mais, est-ce que vous avez des assurances que vos préoccupations telles que vous les évoquez maintenant-là seront prises en compte par la CENI, qui tient sans ambages à l’usage de la machine à voter aux prochains scrutins ?
Ecoutez ! le fait de manifester, c'est justement une protestation, nous espérons que les protestations seront entendues par les autorités de la place, également par la Commission électorale nationale indépendante, qui organise ces élections.
Quelle alternative préconisez-vous dans l’hypothèse où la CENI ne prête pas oreille attentive à vos doléances ? Vous allez faire quoi ?
Mais, c’est une violation de la loi électorale. La loi électorale n’autorise pas l’utilisation de la machine à voter, mais bien de bulletins de vote à papier. Nous demandons simplement que la Commission Electorale Nationale Indépendante, soi-disant, puisse respecter elle-même les lois de la République, sinon alors on est dans quel type de démocratie.
Mais, Jean-Pierre Bemba, dites-nous clairement, est-ce qu’il y a vraiment l’unanimité de toute l’opposition sur le refus de la machine à voter, lorsqu’on voit aujourd’hui l’UDPS qui explique à l’opinion que la machine à voter est un piège, un prétexte pour ne pas aller aux élections ?
Nous avons signé avec Félix Tshisekedi, le président de l’UDPS, à Bruxelles, nous avons convenu tous au niveau des points. Nous avons signé, il a signé librement la question de cette machine soi-disant à voter et nous étions tous tomber d’accord.
Mais, vous ne voyez pas que l’UDPS a changé un peu d’avis sur ça ?
Il faudra donc leur poser la question, monsieur. Je ne suis pas de l’UDPS.
Après le dernier meeting de l’opposition, vous aviez proposé que l’opposition se réunisse d'urgence pour monter un programme commun et choisir un candidat unique de l’opposition à la présidentielle. Où en êtes-vous aujourd’hui avec cette proposition ?
C’est en cours ! Les réunions se tiennent quotidiennement. Tous les candidats à l’élection présidentielle ont proposé et présenté au niveau de l’opinion publique leurs programmes respectifs. Il appartient maintenant à la commission qui a été mise en place de pouvoir regrouper tout ça et de faire une proposition d’un programme commun. Ça va sortir dans les jours qui viennent.
Jean-Pierre Bemba, au regard des informations que détenez sur l’état d’avancement du processus électoral en RDC, est-ce que vous croyez vraiment avec sincérité à la tenue des élections le 23 décembre prochain ?
Nous l’espérons bien ! Nous espérons tous qu’un changement de régime va avoir lieu, et bien sûr il faudrait encore que ça puisse se faire dans la transparence avec plus de crédibilité. Donc, ce que nous souhaitons, qu’on puisse aller aux élections transparentes et crédibles surtout.
A quand votre retour au pays ?
Lorsque je vais terminer mes activités au niveau de l’extérieur du pays. Je reviendrai au pays.
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