Kasaï: accusé d’avoir ordonné l’exécution des experts UN, Vincent Manga se dédouane

Vincent Manga, l’un des principaux prévenus du procès du meurtre des experts de l’ONU a relaté lundi 24 septembre ce qu’il dit avoir vu au cours de la journée du 12 mars 2017, où Zaida Catalan et Michael Sharp avaient été tués dans le village Moyo Musuila au Kasaï-Central. Il nie toute participation au meurtre.

Mis en cause par le principal témoin dans ce procès, Jean Bosco Mukanka, et la plupart des prévenus comme étant celui qui a donné l’ordre d’exécuter les experts des Nations unies, Vincent Manga n’avait pas encore relaté sa version des faits. Il se contentait jusque-là d’affirmer au tribunal ne rien savoir de cette affaire.

Sur demande de son avocat, qui affirme vouloir faire éclater la vérité, le prévenu relate ce qu’il dit avoir vu au cours de cette journée du 12 mars 2017 à Moyo Musuila.

Le « tshiota » de Moyo Musuila

Vincent Manga reconnait avoir été présent dans ce village le jour du meurtre. Mais, il dit y être arrivé le mardi précédent l’exécution des experts pour être baptisé au tshiota ; afin de «se protéger» grâce aux «fétiches» de la milice dont il nie avoir été un responsable ou un combattant.

Dans son récit, le prévenu met principalement en cause deux personnes : Jean Bosco Mukanda et Gérard Kabongo.

Selon M. Manga, le premier revenait ce 12 mars 2017 de Kananga où il était allé acheter des minutions pour la milice. A en croire, Vincent Manga, c’est M. Mukanda qui a informé par téléphone les miliciens de l’arrivée du convoi des experts.

«C’est lui qui a téléphoné les miliciens. S’il n’avait pas téléphoné, aucun milicien n’aurait su que les blancs étaient sur le tronçon Kananga-Bunkonde», relate M. Manga.

Le prévenu met également en cause Gérard Kabongo qu’il accuse d’avoir ordonné l’exécution des experts et de leurs accompagnateurs conduits par les miliciens dans la concession de Bula Bula après leur arrestation sur le pont Moyo.

Le ministère public, qui interroge ensuite Vincent Manga, n’a pas été convaincu par les explications du prévenu sur sa présence à Moyo Musuila le jour du meurtre. Pour le général Tim Mukunto, le prévenu aurait bien pu se faire baptiser à Ngombe, qui est son village et où il y avait également un tshiota.

«Pourquoi avoir choisi le tshiota de Moyo Musuila», a plusieurs fois interrogé le ministère public. A quoi Vincent Manga a répondu qu’il ne pouvait pas se faire baptiser dans le tshiota de Ngombe à cause des différends qu’il avait avec les responsables de ce foyer initiatique.

Dans l’attente de la confrontation

Le ministère public estime, en outre, que certaines informations révélées par Vincent Manga - notamment sur les munitions des miliciens - ne pouvaient être connues que par un responsable de la milice.

Dans sa déposition, M. Manga a notamment relaté que les miliciens n’avaient plus de munitions. C’est ce qui explique qu’on aurait remis qu’une seule cartouche aux miliciens envoyés pour intercepter le convoi des experts sur le pont Moyo.

«Vincent Manga n’est pas un passant [à Moyo Musuila]. C’est un chef à qui on rend compte», croit savoir le ministère public.

Après les révélations de Bula Bula, Ilunga Lumu et Vincent Manga, le ministère public estime qu’il faudrait maintenant les confronter entre eux et avec les renseignants, qui ont déjà déposé devant le tribunal.

Cette confrontation est prévue lors de la prochaine audience programmée le lundi 1er octobre.

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