Plus d’une centaine de détenus sont enfermés dans les cachots du bureau II des Forces armées de la RDC sans avoir été jugés, a remarqué la société civile d’Uvira. Elle dit avoir fait ce constat, mardi 10 juillet, à l’issue des visites effectuées dans les cachots et amigos de différents services étatiques dont la police, le bureau II des FARDC, l’auditorat militaire et le parquet de grande instance de cette cité du Sud-Kivu.
Parmi ces personnes figurent des ex-combattants issus des groupes armés locaux, des ressortissants burundais, rwandais et ougandais ainsi que des civils arrêtés pour des faits bénins.
« Les arrestations sont devenues comme du commerce. Il y a des intermédiaires qui sont à la portée des hauts cadres des services des renseignements pour leur chercher des personnes à arrêter pour tel ou tel autre motif. Nous observons que certaines personnes sont détenues pendant un mois ou deux dans un petit cachot, sans procès. Ça nous décourage », se désole Serge Mulenga, acteur de la société civile d’Uvira.
Le premier substitut du procureur Freddy Batangutchi explique cette pléthore des amigos par le manque d’infrastructures appropriées pour la garde des détenus. Il insiste cependant sur la collaboration de la population pour réunir les preuves matérielles devant permettre à la justice de respecter la procédure judiciaire.
Pour sa part, le magistrat du parquet militaire, Amisi Ramazani, appelle les officiers de police judiciaire (OPJ) à bien faire leur travail et éviter la torture pendant l’audition des prévenus.
« La difficulté est que lorsque vous l’avez fait sous torture et que ce prévenu arrive au niveau du magistrat, toutes les déclarations qu’il avait faites devant vous l’OPJ tombent, à cause de cette torture », fait savoir Amisi Ramazani.
La visite des cachots a été organisée par le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH), à l’occasion du lancement en territoire d’Uvira des activités en rapport avec la journée internationale de soutien aux victimes de la torture. Elle a permis aux acteurs étatiques et non étatiques de se rendre compte de la réalité de la torture morale et physique telle que vécue au quotidien par les détenus.
Cette situation a poussé le BCNUDH à programmer un atelier de formation dans la salle polyvalente avec les OPJ pour lutter contre le traitement dégradant et inhumain des populations dans ces milieux carcéraux.