Le vice-président de la plateforme Ensemble pour le changement, Pierre Lumbi, demande au président Joseph Kabila « de rompre le silence » sur une éventualité de briguer un troisième mandant. Lors d’une conférence de presse mardi 5 juin à Kinshasa, il pense que son silence « participe à la confusion » née des appels et autres banderoles affichés par le camp de la Majorité présidentielle soutenant que le chef de l’Etat actuel peut encore se représenter.
« dès lors qu’il y a des rumeurs de plus en plus croissantes, de plus en plus assourdissantes et des rumeurs qui partent des gens qui sont proches de lui, et ces rumeurs le concernent lui en tant que président de la République et qu’en plus, ces rumeurs accroissent l’inquiétude de la population, l’inquiétude de la communauté internationale, moi je dis qu’il est de son devoir, qu’il serait même du devoir de tout président de la République, en tant que garant de l’ordre public, de lever l’équivoque, de se prononcer, de rompre le silence. En ce moment-ci le silence participe aussi à cette confusion-là », conseille Pierre Lumbi.
Sur certaines grandes artères de Kinshasa, des banderoles du PPRD, le parti présidentiel sont affichées avec des écrits : « Notre candidat, Joseph Kabila ». Cette question de la limitation des mandats présidentiels suscite un débat au sein de la classe politique congolaise.
Cyrus Mirindi, chercheur en droit, estime que la révision partielle de la constitution en 2011 a ramené le compteur à zéro. Selon lui, Joseph Kabila n’a fait qu’un mandat et qu’il lui reste un deuxième pour atteindre le plafond constitutionnel.
Le vice-président d’Ensemble pour le changement et président du G7 dit n’avoir aucune raison de douter « de la bonne foi » de Joseph sur cette question.
« Je n’accuse personne, moins encore le président de la République. Dans ma conférence de presse, j’ai dit simplement que je n’avais aucune raison de douter de la bonne foi du président de la République pour ne pas se présenter aux élections le 23 décembre 2018 », dit-il.
Selon M. Lumbi, Ensemble pour le changement et le G7 sont prêts avec la liste de leurs candidats pour les prochaines élections.
Respect intégral de la Constitution
Dans sa conférence de presse de mardi 5 juin, le porte-parole de la Majorité présidentielle (MP), André-Alain Atundu a évoqué la question d’un probable troisième mandat du président de la République.
Il dit ne pas voir un seul acte de sa classe politique ou du chef de l’Etat qui donnerait à penser que la déclaration solennelle du président de la République de respecter la constitution est en passe d’être violée.
« La MP a toujours affirmé que la Constitution de la République, en toutes circonstances et en toute période sera respectée intégralement du préambule au dernier article. Notre position n’a pas changé quant à ce », apaise André-Alain Atundu.
Mais, ajoute-t-il, l’idée de M. Mirindi d’évoquer un autre mandat du président de la République relève de la liberté d’expression et cela ne conditionne nullement le comportement de la nation.
« M. Mirindi est un chercheur. Il lance une idée et il essaye d’accrocher ou de faire adhérer le plus grand nombre de citoyens. C’est sa liberté. Mais cette liberté ne conditionne pas le comportement de la nation. Ce qui conditionne le comportement de la nation, c’est la constitution, les lois et les règlements de la République », soutient André-Alain Atundu.