«La marche des chrétiens ne s’arrêtera pas », a déclaré l’abbé Luyeye, curé de la paroisse Notre Dame de la sagesse de l’Université de Kinshasa, dans son homélie lors de la messe organisée par le Comité laïc de coordination (CLC) vendredi 9 février à Kinshasa en mémoire des victimes de la répression de la marche pacifique du 21 janvier.
«Nous avons le devoir sacré de continuer le bon combat pour l’émergence d’un Congo nouveau, où l’homme qu’il faut sera à la place qu’il faut », a affirmé l’abbé Luyeye.
Au cours de cette messe cinq photos des victimes ont été placées en diagonale du haut de lieu de la prière, dont celle de l’aspirante Thérèse Kapangala. L’officient a interpelé la conscience de ceux qui ont été à la base de ce drame :
« Que celui qui a déjà donné l’ordre de tirer sur les manifestants, que celui qui a déjà tiré sur des manifestants sans armes, qu’il sache que la balle est dans son propre camp, dans sa propre conscience ! »
Selon lui, cette homélie a tracé aux militaires et policiers la voie de la sanctification en lieu et place de la répression sanglante. «On peut se sanctifier en étant dans l’armée, dès lors qu’on protège réellement le territoire national et qu’on ne tourne pas les armes contre les civils qu’on est censé protéger », a expliqué le prêtre catholique.
La messe a été dite par le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya en la cathédrale notre Dame du Congo, accompagné de trois évêques et une trentaine des prêtres.
Avant la fin de cette messe, les prêtres de Kinshasa ont décrié les attaques physiques dont ils font l’objet avec des religieuses, « qui ne peuvent plus vivre en paix dans des couvents.» Ils ont toutefois dit avoir pardonné à tous ceux qui leur rendent la vie difficile.
La marche pacifique organisée dimanche 21 janvier par le CLC, pour objectif de réclamer la mise en application de l’accord de la saint sylvestre, avait été réprimée par les forces de l’ordre. Le bilan varie selon les sources. Le Réseau d’organisation des Droits humains et d’éducation civique d’Inspiration chrétienne en RDC (RODHCIC) indique avoir documenté des cas des violations des droits humains commis par les agents de l’ordre et qui pourraient être assimilés à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.