Professeur à l’Université de Kinshasa (UNIKIN) depuis 1988, Célestin Kabuya-Lumuna Sando réfléchit sur les entraves qui empêchent la démocratie libérale de s’installer durablement en RDC, dans cet ouvrage préfacé par Banyaku Luape Epotu (208 pages, Éditions Cedis – Centre de documentation et d’intelligence stratégique, Kinshasa 2017).
« Réflexions sur la démocratie congolaise et ses principaux défis »analyse les crises politiques cycliques que le pays a connues depuis 1960, de Joseph Kasa-Vubu à Joseph Kabila, en passant par Joseph-Désiré Mobutu et Laurent-Désiré Kabila.
Le sociologue survole ensuite l’histoire générale des peuples dominés par les dictatures de natures complexes au cours de divers épisodes : royaliste, colonial, despotique et l’ère des démocraties africaines.
Selon lui, la démocratie congolaise tourne en rond - au travers de trois phases majeures: le combat pour l’indépendance, le combat contre la dictature du MPR Parti-État et celle de l’AFDL, le combat en cours pour la pérennisation des acquis démocratiques.
Dialogues de légitimation !
Combien de Dialogues, de Tables rondes, de Débats, de Conclaves et de Consultations de légitimation (43 entre 1960 et 2017) après des crises à répétition ! Or, le dialogue de légitimation fausse bien souvent les règles établies. Il est souvent extra institutionnel, constitue une pure entorse au respect des institutions car il cautionne l’instabilité des institutions et de la constitution en vigueur.
L’auteur rappelle, d’une part, que, pour réussir la démocratie, le peuple doit se doter de la volonté politique de consentir les sacrifices nécessaires à son épanouissement et d’accompagner un pouvoir démocratique. Il insiste, d’autre part, sur les gouvernants qui doivent prendre des engagements fermes pour assurer la stabilité de la constitution et le respect de l’alternance politique à intervalles réguliers.
Le Congolais peut et doit progresser
Les partis politiques reçoivent, de leur côté, ont le devoir d’améliorer leur niveau de représentativité effective en vue du bon fonctionnement des institutions politiques de la République. Quant aux élites congolaises, toutes tendances confondues, Kabuya-Lumuna les invite au sens de responsabilité.
Kabuya-Lumuna Sando croit au progrès de la démocratie en RDC. Convaincu que «la culture démocratique impose une mentalité selon laquelle l’homme est un être de raison, qui peut progresser et qui doit faire progresser les choses», il souhaite que le Congolais soit cet homme de raison, qui doit cesser d’abuser de dialogues de légitimation, érigés par ailleurs en «institution étatique» et prêts à se transformer en «assemblées constituantes».