Passeport en RDC : 7 ans de controverse

Du passeport ordinaire (ou simple), en passant par le semi-biométrique, au biométrique. La RDC aura connu trois changements de cet imprimé de valeur en sept ans. Et chaque changement donne lieu à une vague de contestations et controverses. Les dernières en date sont celles suscitées par le communiqué signé vendredi 16 septembre par le vice-ministre des Affaires étrangères, Aggée Aje Matembo, annonçant l’invalidation des passeports semi-biométriques.

Selon Aggée Aje Matembo, tous les passeports semi-biométriques ne seront plus en circulation à partir du 16 octobre sur l’étendue du territoire de la RDC. Il justifie cette décision par le souci «d’uniformisation  de l’identification des citoyens liés à des considérations sécuritaires.»

Des raisons qui sont loin de convaincre les acteurs politiques (tant de la majorité présidentielle que de l’opposition) et bien d’autres couches sociales, notamment les associations de défense des droits de l’homme.

En 2010, quand le gouvernement décide de changer le passeport, en passant du simple au biométrique, la question soulève un débat à l’Assemblée nationale.

Le député Patsho Panda adresse une question orale au ministre des Affaires étrangères. Il dénonce «l’arnaque». Sa position est claire : au lieu du passeport biométrique annoncé par le gouvernement, c’est plutôt du passeport semi-biométrique dont qu’il était question.

«Je constate avec regrets qu’on va encore changer de passeports même ceux qui sont valides», déplore-t-il.

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Malgré cette dénonciation, la vie reprend son cours normal et les Congolais se conformeront à cette décision.

2015 : circulation concomitante

L’affaire rebondit cinq ans après, soit en 2015. Le gouvernement revient à la charge en décidant de passer du passeport semi-biométrique au passeport biométrique.

Le mécontentement et la colère des acquéreurs amènent le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Raymond Tshibanda, à calmer l’opinion. Intervenant notamment sur Radio Okapi, il évoque  des raisons  de commodité.

«Les passeports actuellement en circulation demeurent valables jusqu’à leur expiration. Ils seront remplacés par les passeports à puce au fur et à mesure que ceux qui le détiennent en feront la demande», précisait le ministre Tshibanda, le 11 novembre 2015.

Combattre cette mesure «stupide»

Deux ans après cette mise au point du ministre Raymond Tshibanda, l’actuel vice-ministre des Affaires étrangères annule tout. Plus de passeport semi-biométrique d’ici le 16 octobre.

La nouvelle se répand comme une trainée de poudre notamment sur les réseaux sociaux, provoquant le désarroi chez les utilisateurs du passeport congolais.

Certains députés saisissent carrément le bureau de l’Assemblée nationale et initient des questions orales. C’est le cas de Juvénal Munubo.

Sur la liste des acteurs politiques qui s’opposent à ce communiqué du gouvernement, figurent notamment Alain Lubamba, Zacharie Bababaswe, Yves Kisombe, Patrick Thierry Kakwata, Germain Kambinga et Albert Fabrice Pwela.

Sur son compte twitter, l’ancien vice-ministre des Affaires étrangères, Yves Kisombe, écrit : «Je demande à mon ministre des Affaires étrangères de mon pays de retirer cette mesure illégale et impopulaire.»

Zacharie Bababaswe, député de la MP, dit ne pas se limiter qu’à parler. Il promet de combattre cette mesure «inutile, stupide et honteuse», jusqu’à son annulation.

«Cette mesure ne passera pas. Je la combattrai jusqu’au bout. C’est une honte pour la République. Le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères a refusé de signer ce document parce que c’est un document inutile, stupide et honteux», vocifère Bababaswe.

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A ces réactions négatives s’ajoute celles de la société civile et des mouvements citoyens.

Retrait… Et après ?

La décision du gouvernement met à la surface plusieurs interrogations: qu’adviendra-il aux passeports actuellement dans les ambassades ? Que deviennent les passeports et visas en cours de validité ? Quel sort réserver aux visas d’études pour de nombreux jeunes congolais se trouvant à l’étranger et le reste de la diaspora ?

Intervenant Radio Okapi, lundi 17 septembre, le vice-ministre des Affaires étrangères signataire dudit communiqué soutient que son ministère examinera la situation au cas par cas.

«Quant aux étudiants qui ont des passeports, nous allons voir au cas par cas ce que nous pouvons faire», promet-il dit.

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