Enrôlement aux Kasaï: les premières cartes d’électeurs seront délivrées «vers le 19 septembre»

Dans un entretien accordé à Radio Okapi, le rapporteur de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Jean-Pierre Kalamba, annonce que les opérations d’enrôlement des électeurs qui seront lancées lundi 4 septembre dans les provinces du Kasaï, du Kasaï-Central et dans deux territoires de la Lomami vont débuter par la formation des agents électoraux. D’après lui, les premières cartes d’électeurs seront délivrées «vers le 19 septembre». Entretien
 
Radio Okapi: La CENI a annoncé le début des opérations d’enrôlement ce lundi. Quelles sont les opérations qui vont démarrer effectivement ce 4 septembre?
 
Jean-Pierre Kalamba: le lundi 4 septembre, nous lançons la cascade, c’est-à-dire nous avions déjà commencé ces formations entre les mois de mars et avril quand il y a eu les incidents [les attaques des miliciens Kamuina Nsapu, NDLR]. Nous les avions suspendues à un niveau. Nous reprenons les formateurs qui iront former dans des territoires que nous appelons antennes. Pour ces formateurs, nous allons faire un effort pour que deux ou trois jours après, il y ait remise à niveau parce qu’après quatre mois, ils ont oublié certaines choses. De telle façon qu’après cette remise à niveau, ces formateurs prennent en charge, à leur tour, les formateurs provinciaux et les formateurs territoriaux. Dès qu’on termine après cinq ou sept jours, on descend dans des territoires pour qu’au niveau des territoires, on appelle les présidents des centres de vote qui sont des directeurs ou des préfets [d’écoles] avec leurs accompagnants jusqu’aux opérateurs [de saisie] pour subir une formation. C’est au terme de cette formation que la cascade est terminée. Il [président de centre de vote] récupère un kit d’enrôlement constitué d’ordinateurs avec les accessoires, un groupe électrogène, un ou deux bidons de mazout, le kit de formulaires et rentre dans son école pour donner la première carte.  
 
Quand va commencer l’inscription des électeurs proprement dite ?
 
Elle fait partie de ce que nous avons appelé lancement des opérations ou début de cascade. Le Lundi, vous trouverez les salles un peu partout pour former. Nous sommes en train d’écourter les choses de telle façon que la première carte- je ne dis pas que ça devienne un sujet de polémique- [soit délivrée] vers le 19 septembre. Nous forçons tous pour que la première carte soit remise vers le 19, le 20 [septembre]. Moi-même, j’ai besoin d’en avoir parce que je ne me suis pas encore fait enrôler.
 
La situation sécuritaire actuelle dans la région va-t-elle permettre le bon déroulement de ces opérations ?
 
Nous sommes venus ici [à Kananga] en évaluation [du processus électoral] avec le gouvernement. A deux ou trois reprises, le ministre de l’Intérieur et Sécurité a donné sa main à couper […] que la sécurité est totale. Il nous a assuré qu’il va nous sécuriser autour de 914 centres [d’enrôlement]. Il nous a assuré que la police mettra des éléments dans chaque centre, qu’entre les centres et la ville où il y a les machines, il y aura la sécurité sur la route. Nous aussi, nous voyons les bayanda, les transporteurs à vélo, en train de circuler et nous dormons sans entendre les bruits de canon, nous sommes de ce côté-là rassurés.
 
Beaucoup d’écoles ont été détruites aux Kasaï à cause des violences. Comment allez-vous vous organiser pour implanter les centres d’inscription ?
 
Quand nous sommes venus ici avec le président de la CENI autour du mois de juillet, nous avons parcouru la distance entre Mbuji-Mayi et Kananga. Nous avons fait l’inventaire sur les écoles considérées comme des centres d’inscription. On en avait identifié au Kasaï-Central 105 écoles [détruites]. Sur les 44 écoles détruites au Kasaï, 25 ont été réparées ou on a pris des dispositions pour implanter des tentes. Pour les 19 restants, je suis resté [pour finaliser]. Que les gens soient rassurés.
 
Les opérations d’enrôlement coïncident avec la rentrée scolaire. Ne vont-elles pas perturber le déroulement des cours dans les écoles ?
 
Nous allons apaiser les parents du Kasaï. L’opération a commencé le 31 juillet 2016 à Gbadolite. Tout au long de l’année scolaire 2016-2017, c’était dans des écoles. On prend des dispositions pour occuper un petit local dans un coin qui ne dérange pas les enfants. On a [fait] cohabiter la scolarité et la livraison de cartes au cours de toute l’année [passée]. Les écoles sont les lieux les mieux indiqués, selon la loi [pour implanter les centres d’enrôlement].
 
Quand vont prendre fin ces opérations d’enrôlement ?
 
Nous partons du principe d’équité. Nous avons ouvert avec le principe de faire trois mois. Nous l’avons fait à Gbadolite. Nous l’avons fait dans 24 autres provinces. Il ne sera pas logique et équitable que le Kasaï soit pénalisé pour faire un mois. Nous restons dans cette logique. A moins que les acteurs en décident autrement. Mais quant à la CENI, on reste sur le principe que les élections s’organisent suivant les critères d’équité, de moralité, de traitement identique à tous les acteurs.
 
Le calendrier électoral va être publié pendant ou après l’enrôlement au Kasaï ?
 
Maintenant que nous sommes sûrs et que nous connaissons le temps que ça va nous prendre, nous sommes en mesure de publier le calendrier incessamment parce que ce qui nous bloquait c’était l’évaluation exigée par l’accord qui avait dit qu’il fallait évaluer tous les deux mois. Nous venons d’évaluer pour la première fois. Ça ne va pas attendre qu’on donne la carte ici. Mais nous publierons un calendrier accompagné des contraintes pour dire : le Parlement donnez-nous les lois essentielles qui restent, le gouvernement respectez votre plan d’engagement, etc. Ce n’est plus un problème de temps.

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Propos recueillis par Joël Bofengo.