Des jeunes gens barricadaient des tronçons routiers et brûlaient des pneus mardi 28 mars matin à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, au lendemain de l’échec des négociations politiques sous la médiation des évêques catholiques entre la majorité et l’opposition pour cogérer la transition jusque fin 2017.
Dans la commune de Lemba, peu après 9 heures, les taxis et taxi-bus assurant le transport en commun se faisaient rares dans les arrêts de bus. La police, rapidement déployée, débarrassait les barricades sans procéder à des interpellations.
« Je me suis présenté à l’arrêt de bus pour prendre un taxi et me rendre au travail lorsque j’ai remarqué qu’il n’y en avait pratiquement pas et que les rares qui étaient là prenaient le chemin inverse du centre-ville de Kinshasa. Un chauffeur m’a laissé entendre que les jeunes empêchaient la circulation vers le centre-ville », a dit à Radio Okapi un fonctionnaire joint vers 9 heures.
Un vent de panique gagnait presque au même moment vendeurs et acheteurs au marché municipal de Ngaba situe sur l’avenue Kianza où tout le monde courait dans tous les sens sans savoir pourquoi. Dans les communes de Lemba, Ngaba, et Kalamu au quartier Yolo, les écoles libéraient les élèves et demandaient aux parents de venir reprendre les plus petits.
Dans la commune de Barumbu, proche de la Gombe, des jeunes qui brûlaient des pneus ont été dispersés par la police.
A Limete où se trouve le siège de l’UDPS, des coups de feu ont été entendus ce matin. Les jeunes qui manifestaient avec des rameaux en mains ont été dispersés par la police. Au niveau de la 10e rue, a rapporté le colonel Mwanamputu, porte-parole de la police, des manifestants distribuaient des rameaux aux passants. Pas d’incidents majeurs à signaler, selon lui.
A l'Est de la ville, la circulation se réduisait également sur le boulevard Lumumba où des jeunes des communes de Masina et Kimbanseke marchaient sur la chaussée.
Au quartier Petro-Congo à Masina, des sources ont indiqué que des groupes de manifestants défilaient avec des rameaux en mains. Ce mouvement a entrainé l’interruption du transport en commun.
Des témoins ont rapporté que le lycée Bosangani à la Gombe a renvoyée les élèves à la maison. Au quartier Pompage dans la commune de Mont Ngafula, l’école Liziba a aussi demandé aux élèves de rentrer chez eux.
Au quartier Kinsuka, à l'Ouest de la capitale, la situation était calme. « Trop calme », a observé une dame qui quittait le quartier vers 9 heures pour se rendre au centre-ville.
« Arrivée à Kintambo Magasin, a confié la dame, d’autres personnes avec qui j’étais dans le taxi ont reçu des coups de fil visiblement alarmants. Elles ont rebroussé chemin ».
Tensions dans les établissements universitaires
A l’Université de Kinshasa (UNIKIN), des regroupements d’étudiants étaient visibles. Ils scandaient des chansons hostiles au pouvoir.
Tous les bus TRANSCO qui se trouvaient sur le site université ont quitté le lieu.
Au niveau de l’arrêt de bus « Intendance » situé à proximité du campus universitaire, des habitants de Mbanza Lemba et des quartiers environnant voulaient manifester. La présence de la police les en a dissuadés. Malgré la tension perceptible, aucun trouble n’a été manifestement signalé.
L’armée s’est déployée à l’ISTA, où les étudiants ont tenté de sortir le matin pour manifester.
Le porte-parole de la police a exhorté les parents à ne pas laisser leurs enfants aller manifester dans la rue.
La veille, les évêques catholiques avait annoncé l’impasse dans les négociations politiques sur les modalités de désignation du Premier ministre qui doit être issu de l’opposition, selon l’accord qu’ils ont réussi à obtenir fin décembre 2016 entre majorité et opposition.
A (re)Lire: RDC: les évêques mettent fin à leur médiation, sans arrangement
La RDC traverse une crise politique née du maintien au pouvoir du président Kabila au-delà de son second mandat présidentiel. La présidentielle prévue en décembre dernier n'a pas eu lieu.