Bernadette Tokwaulu Aena est cadre à la Société nationale d’électricité (SNEL) depuis trente ans. Elle est l’une de rares femmes à avoir atteint les plus hautes fonctions dans cette entreprise publique. Un de ses secrets de réussite, selon elle, réside dans sa vie de célibataire.
Bernadette Tokwaulu parle de sa vie privée sans complexe et l’assume bien. Elle soutient qu’il est plus aisé à une femme célibataire de réussir sa carrière:
«Une femme célibataire ne se regarde pas dans le miroir d’un homme. Un homme n’est pas une priorité pour moi, sinon je me serais mariée. Quand vous êtes une femme célibataire, votre vie tourne autour de vous-même et de vos enfants. Quand vous êtes une femme mariée, votre vie tourne autour de votre mari et de vos enfants. Moi, je pense que je ne pourrais pas être une femme mariée. Je suis du genre rentrer du travail et m’installer devant la télévision…»
Célibataire à 55 ans, elle est mère de 3 enfants. Aujourd’hui, elle dit que ses enfants et son travail sont importants au même titre.
«Je me sentais privilégiée» à la SNEL
Après avoir obtenu un diplôme de DEA en droit des affaires en Europe, Bernadette décide de revenir faire carrière au pays. Fille d’un ambassadeur, elle est positionnée à la SNEL par un ami à son père.
«Je me sentais privilégiée, il faut quand même le dire, et la position de mon père y a contribué. Mais au-delà de ça, il faut être qualifiée et professionnelle», affirme Bernadette Tokwaulu.
Elle avoue avoir eu, à ses débuts, une «envie dévorante de réussir», mais elle prend son mal en patience. Elle débute donc comme secrétaire à 26 ans, puis conseillère juridique, et directrice de l’information et de la documentation. Mais déjà, elle rêve de devenir secrétaire générale de la SNEL, un poste qu’elle occupera finalement 10 ans plus tard.
Elle avoue avoir été plutôt flattée par son poste de secrétaire générale, qui est une reconnaissance de ses capacités par son entreprise. Contrairement à celui de DGA, qui n’est qu’une nomination politique.
Secrets de réussite
A la question de savoir si elle a connu des difficultés en tant que femme cadre et cheffe d’entreprise, Bernadette Tokwaulu réagit:
« Je n’ai pas ressenti le mépris de mes collègues. Je ne me rappelle pas qu’on m’ait fermé des portes. Et s’ils l’ont fait, je les ai ouvertes toutes seule.»
Elle reconnaît tout de même les difficultés que rencontrent d’autres femmes dans la marche de leur carrière, notamment le harcèlement et le dénigrement. Ces obstacles font que beaucoup d’entre elles sont bloquées dans leur vie professionnelle.
Pour Bernadette Tokwaulu, les jeunes femmes d’aujourd’hui commettent beaucoup de fautes d’orthographe et ne connaissent pas l’entreprise dans laquelle elles travaillent. Elle les encourage à continuer de se former.
Méritocratie
Elle déplore par ailleurs le fait que certaines femmes accèdent à de hautes fonctions et sont ambitieuses, mais sans être compétentes. Au nom de la parité Homme –Femme, regrette-t-elle, les femmes trouvent normal d’accéder à de hautes fonction sans compétences requises.
«Comme si rien qu’avec un sourire et une paire des talons, on peut arriver à tout (…) Des femmes PDG qui sont encore aux bancs de l’école essayant d’attraper tardivement un diplôme…», affirme-t-elle avec sourire.
Après trente ans de carrière, elle estime ne plus avoir des ambitions professionnelles. Ses ambitions sont plutôt politiques, «pas pour occuper des fonctions importantes mais pour faire de ce pays une démocratie», un îlot de bonne gouvernance.