Stella Shamamba Namateene dit avoir été choquée par les femmes victimes de violences sexuelles dans les hôpitaux Heal Africa et Panzi dans les Kivus. Même après avoir bénéficié d’un suivi psychosocial, selon elle, ces femmes continuent de souffrir psychologiquement. Elle préconise «une communication pour le changement de comportement» pour les aider à se remettre de traumatismes.
La quarantaine révolue, Stella Shamamba Namateene est mère de six enfants.
Exigences du foyer et parcours scolaire
Stella Shamamba Namateene a fait l’école primaire au collège Alfadjiri, puis ses études secondaires au lycée Sherezi de Bukavu (Sud-Kivu).
Avant d’obtenir son diplôme d’Etat, elle se marie et revient deux ans après aux études comme autodidacte.
Apres avoir commencé ses études supérieures à l’Université libre des pays des Grands Lacs (ULPGL) à Goma (Nord-Kivu), Stella Shamamba Namateene a été obligée d’arrêter, au regard des différentes mutations de son mari qu’elle a fini par rejoindre à Kinshasa. S’étant installée dans la capitale avec sa famille, elle a été recrutée au ministère du Genre dans la cellule de lutte contre le Sida comme secrétaire du coordonnateur.
Obligée une fois de plus de suivre son mari encore en mutation à Goma, ses supérieurs hiérarchiques la charge d’ouvrir la même cellule sur place.
Revenue à Kinshasa pour des raisons familiales, Stella Shamamba décide de se remettre aux études et s’inscrit à l’Université catholique du Congo dans la faculté de Communication. Après cinq ans, elle obtient une licence en communication socioéducative et stratégique.
A la question de savoir comment elle a pu, pendant toutes ses années, poursuivre ses ambitions tout en se pliant aux exigences du foyer, Stella Shamamba Namateene répond: « Qui veut peut ! Si on a la volonté, on peut même transformer le monde », ajoutant qu’il est également important d’avoir un bon mari qui accepte de vous accompagner.
Dissonance cognitive
Stella Shamamba Namateene vient de publier le livre : «Femmes en larmes espérances: dissonance cognitive dans l’accompagnement psycho social des survivantes des violences sexuelles à l’est de la RDC». Dans cet ouvrage, elle affirme que les survivantes des violences sexuelles dans l’est de la RDC, même après avoir bénéficié d’un accompagnement psycho social, continuent de souffrir parfois de stress mental.
Sur base des recherches menées dans les provinces du Nord et Sud-Kivu pendant cinq ans, Stella Shamamba Namateene préconise une communication pour le changement de comportement comme moyens à utiliser pour aider ces femmes à lutter contre le stress mental dont elles souffrent.
Stella Shamamba Namateene souligne que le temps qu’elle a eu à travailler dans la cellule de lutte contre le Sida au ministère du Genre, lui a donné l’occasion de rencontrer des femmes qui avaient subi des viols. Et, c’est de cette manière, dit-elle, qu’elle a trouvé de l’intérêt pour le sujet. D’où, la décision d’écrire un livre sur cette problématique des viols.
Expérience avec les femmes sexuelles violées
Ses recherches ont été focalisées sur les survivantes de violences sexuelles, qui sont prises en charge par les hôpitaux Heal Africa et Panzi dans les Kivus.
Elle dit avoir constaté que, même après avoir bénéficié d’un suivi psychosocial, ces femmes continuaient de souffrir psychologiquement. C’est pourquoi l’auteure parle de «dissonance cognitive» dont souffrent ses femmes ; dissonance qui se manifeste par une lutte interne, les obligeant de se taire sur les atrocités subies par peur d’être stigmatisées par la communauté.
Mme Shamamba Namateene estime que s’exprimer sur les traumatismes vécus est une voie vers la guérison psychologique.
Pour ce faire, elle préconise une communication pour le changement de comportement, enfin de mettre ces femmes sur la voie de la guérison, parce qu’elles ont besoin d’attention, d’amour et surtout d’être rassuré.
Les survivantes des violences sexuelles qu’elle a eu a rencontré ont parfois manqué des mots pour expliquer ce qu’elles ont vécu.
A travers son livre, Stella Shamamba Namateene, invite toutes les femmes victimes des horreurs qui se déroulent dans l’est de la RDC à ne pas baisser les bras. Malgré les larmes, elles doivent continuer à espérer en un avenir meilleur pour leur peuple, souligne-t-elle.