Teyu Abusa, la quarantaine révolue, vit à Kinshasa. C’est une femme qui a un goût particulier pour l’excellence depuis sa tendre enfance, affirme-t-elle. Et ce goût de l’excellence l’a conduite dans un parcours jonché de succès: elle a été lauréate de sa promotion à l’examen d’Etat édition 1992 avec 77% section commerciale au complexe scolaire les Loupiots. Elle encourage les filles à se considérer comme des êtres qui ont un apport pour la société.
De Kinshasa à Matadi
«Je n’ai pas expressément voulue être première, mais je voulais juste réussir de manière excellente», confie Teyu Abusa, à propos de son diplôme d'Etat.
Cinq ans plus tard, elle était également première de sa promotion en deuxième année de licence avec également 77% à l’Université de l’ex-Bas-Zaïre, en sciences économiques.
N’ayant pas trouvé l’inscription à l’étranger, Teyu Abusa était obligée d’aller à l’ex-Bas-Zaïre. L’idée de quitter la capitale congolaise pour aller étudier en province ne l’enchantait pas du tout. Sortir de sa zone de confort et de son environnement n’était pas évident, avoue-t-elle.
Mais une fois sur place, elle s’est retrouvée dans une communauté d’étudiants dans le même cas qu’elle. Ils étaient tous motivés à aller de l’avant.
Et c’est encore une fois en voulant réussir de façon excellente qu’elle a pu réussir à se hisser à la première place.
« Le secret pour se faire accepter en tant que manager femme qui dirige les hommes, c’est la compétence»
Concernant sa vie professionnelle, elle travaille actuellement comme cadre dans une grande entreprise de la place. Elle y travaille depuis 17 ans, au cours desquels elle a gravi des échelons, jusqu’à devenir chef de département dont elle est l’unique femme.
Elle confie avoir trouvé cet emploi dans le cadre de petites activités qu’elle avait entreprises après ses études universitaires.
«Je ne vois pas mon travail en terme d’homme ou de femme, mais en terme de compétences et de potentiels», affirme Teyu Abusa. Elle dit ne pas considérer les hommes qu’elle dirige en tant que tels, mais plutôt l’équipe qu’ils forment.
«Le secret de tout acceptation, c’est la compétence», indique-t-elle, avant de poursuivre: « Ce qui donne la confiance aux autres, c’est la capacité qu’on a de faire ce qu’on a à faire.»
Teyu Abusa est mariée et mère de quatre enfants. Son challenge journalier, affirme-t-elle, c’est d’organiser son boulot et sa maison de sorte que les deux marchent bien tous les jours. Son mari, chausseur de profession, et elle tiennent une boutique des chaussures made in RDC à Kinshasa.
«Les filles ne doivent pas se limiter»
«Quand les filles sont engagées, elles réussissent mieux que les hommes. Mais, c’est là tout le problème, souvent les filles ne s’engagent pas, elles manquent de vision», fait remarquer Teyu Abusa.
Elle estime que les filles ne doivent pas se considérer comme des filles, mais comme des êtres qui ont un apport pour la société. Puis c’est une question de talent, savoir ce que l’on est capable de faire et non imiter les autres. Les filles ne doivent pas se limiter, selon elle.
En partant de sa propre expérience et rendant hommage à son propre père, Teyu Abusa estime que les pères ont une grande responsabilité, celle d’encourager leurs filles et à les pousser à aller de l’avant dans la vie.