Après la condamnation des six militants de Lucha à deux ans de prison pour «désobéissance à l’autorité» par le tribunal de grande instance de Goma, la défense et l'accusation font appel pour contester ce verdict.
Le collectif des avocats des militants de la Lucha sollicite l’annulation du verdict.
De son côté, le ministère public exige la requalification des faits, en reconsidérant les infractions qui n’ont pas été examinés par le juge au premier degré.
Il fait notamment allusion aux infractions d’association de malfaiteurs et d’atteinte à la sureté de l’Etat.
Interrogé par Radio Okapi, le bâtonnier de l’Ordre des avocats du Nord-Kivu, Me Joseph Dunia Ruyenzi, ne trouve pas « raisonnable » la démarche du ministère public.
« Ce n’est pas très raisonnable pour le ministère public d’aller en appel contre une décision qui a infligé deux ans de servitude pénale contre les membres de la société civile qui ont exercé la liberté d’expression. La liberté d’expression et la liberté de manifestation ont pour intérêt de servir de guide aux dirigeants pour qu’ils améliorent leur gouvernance. C’est très raisonnable d’acquitter les personnes qui ont exercé une liberté fondamentale conforme à notre constitution», explique-t-il.
De leur côté, le Procureur général et le premier président de la Cour d’appel du Nord-Kivu n’ont pas voulu commenter cette affaire.
« Atteinte aux libertés »
Le Collectif des 33 ONG de la RDC désapprouve la condamnation des militants de Lucha.
Dans un point de presse tenu mardi 1er mars à Kinshasa, le coordonnateur de cette structure, Georges Kapiamba estime que cette condamnation viole les droits reconnus à tous les citoyens.
Il appelle la cour d’appel de Goma à une « bonne lecture » du droit.
«La justice s’est fondée seulement sur des propos du genre ‘’après avoir gagné la coupe de Chan à Kigali, 2016 c’est l’année de la victoire de la démocratie’’. D’autres propos c’est de dire que nous réclamons les élections dans les délais constitutionnels. Voilà tout ce qui a constitué comme base à cette condamnation de deux ans de prison contre ces jeunes-là», a affirmé Georges Kapiamba.
Le coordonnateur du collectif des 33 ONG considère que la condamnation des militants de Lucha est une «atteinte grave aux libertés fondamentales, notamment les libertés d’expression et d’opinion».
Ces jeunes de la Lucha avaient été arrêtés le 16 février. Une journée déclarée ville morte par l’opposition pour réclamer le respect de délais constitutionnels.