Environ 2 millions d’enfants vivant en RDC souffrent de malnutrition. Les épidémies de rougeole, de choléra et le paludisme continuent de menacer leur survie, selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef). Mardi, l’Unicef a lancé un appel humanitaire de 2,8 milliards de dollars américains pour 43 millions d’enfants dans le monde dont ceux de RDC qui vivent dans les situations de crise humanitaire.
Nyakakoba est un petit village situé à 30 km de Walungu, au bout d'une mauvaise piste de terre, difficilement praticable en cette saison des pluies. C'est la localité la plus reculée de la zone de santé. Dans l'Unité nutritionnelle thérapeutique ambulatoire (UNTA) de l'unique centre de santé, Julienne Nzigiri, 30 ans, mère de 6 enfants, amène son dernier fils, Selemani, âgé de 13 mois seulement qui souffre de malnutrition.
Deux jours plus tôt, Emmanuel, un autre fils de Julienne, avait été hospitalisé pour cause de malnutrition aigüe sévère à l'hôpital général de Walungu. Âgé de 4 ans, il mesurait 87 cm, ne pesait que 8,7 kg, et présentait des symptômes avancés de kwashiorkor. Entre un et quatre ans d’âge, tous les fils de Julienne ont été hospitalisés après avoir présenté des signes graves de malnutrition. Pourtant leur mère ne croit pas que le problème de ses enfants soit lié au manque de nourriture ou à une mauvaise alimentation. D'après elle, tous ses fils sont victimes d'une même malédiction. Elle a beau leur préparer à manger, soit ils refusent de se nourrir, soit ils ne gardent pas la nourriture qu'ils ingèrent. Étrangement, Julienne prétend que ces trois filles sont épargnées par ce mal.
Aussi grave qu'il puisse paraître, le cas de Julienne est loin d'être un cas isolé dans les communautés rurales de la République démocratique du Congo, où des parents semblent tout ignorer de la malnutrition, qu’ils assimilent à une maladie ou à de la sorcellerie.
La province du Sud-Kivu semble particulièrement touchée par la malnutrition chronique qui affecte 53 % d’enfants, 10 % de plus que la moyenne nationale, indique l’Unicef, l’agence spécialisée des Nations pour les problèmes de l’enfance.
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Le cas de Julienne pose deux problèmes : celui de la malnutrition certes, mais aussi celui de l’éducation.
Afin de faire face à des situations similaires, l’Unicef a lancé mardi 26 janvier un appel de 2,8 milliards de dollars américains afin d’aider 43 millions d’enfants du monde entier pris dans des crises humanitaires.
«L’appel de l’Unicef pour 2016 a doublé par rapport à celui d’il y a trois ans à la même époque. Le conflit et des conditions météorologiques extrêmes obligent de plus en plus d’enfants à quitter leur foyer et expose des millions d’autres à de graves pénuries alimentaires, à la violence, aux maladies, à des exactions ainsi qu’au risque d’une scolarisation compromise», indique l’agence dans un communiqué.
En République démocratique du Congo, la situation est particulièrement dramatique. D’après l’Unicef, on estime à 2 millions, le nombre d'enfants qui souffrent de malnutrition. Les épidémies de rougeole, de choléra et le paludisme continuent de menacer leur survie. Le choléra reste une menace constante, avec plus de 15.000 cas notifiés en 2015.
En 2016, les besoins pour la mise en œuvre du plan humanitaire en faveur de l’enfant en RDC sont estimés à plus de 130 millions de dollars.
L'Unicef utilise ces fonds notamment pour faire la promotion active de bonnes pratiques d'alimentation des nourrissons et des jeunes enfants en formant le personnel de santé et des relais communautaires qui, à leur tour, passent l'information aux mères.
Selemani, le fils de Julienne, a bénéficié de nourriture thérapeutique prête à consommer, et sa mère a bénéficié des conseils nutritionnels d'un infirmier du centre de santé de Nyakakoba.
En 2014, ce sont plus de 296.000 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère que l'Unicef à aider à traiter.