Le modérateur de la Dynamique de l’opposition, Jean-Lucien Busa, a indiqué que quarante arrestations ont été enregistrées, mardi 19 janvier à Kinshasa, lors des manifestations prévues par l’opposition pour commémorer les « martyrs de la démocratie ».
« Au moment où je vous parle, on enregistre au moins quarante arrestations partout dans la ville », affirme Jean-Lucien Busa.
L’opposition avait planifié d’organiser une série d’activités pour se souvenir des personnes tombées le 19 janvier 2015 pour protester contre l’adoption de la loi électorale à l’Assemblée nationale.
En lieu et place des conférences et autres activités prévues dans les 44 sites retenus à Kinshasa, le reporter de Radio Okapi a constaté que ce sont plutôt des éléments de la Police nationale congolaise (PNC) qui ont été déployés dans ces endroits devant abriter ces rencontres.
« Depuis le matin, nous avons été victimes, partout dans les sites que nous avons choisis, des attaques des policiers et militaires armés en tenue civile et des agents des renseignements qui, pour certains ont occupé les lieux et d’autres sont entrés dans les lieux où les conférences devraient se tenir pour arrêter ou disperser les membres venus pour participer à ces conférences », confirme Jean-Lucien Busa.
Par ailleurs, quelques appels des organisateurs de ces différentes manifestations renseignent que quelques conférences projetées ont bel et bien eu lieu dans certains endroits.
« Le succès est total. Les militants se sont déplacés vers les lieux où les conférences étaient programmées. Je pense que c’est l’échec de la gouvernance politique », estime Jean-Lucien Busa.
« La ville est restée calme »
De son côté, l’Inspecteur provincial de la PNC de Kinshasa, le général Célestin Kanyama, dément toutes ces informations.
Il affirme que la ville de Kinshasa est restée calme.
« À travers la ville de Kinshasa, aucun mouvement des manifestations a été signalé ce jour. À ma connaissance, on n’a pas, au niveau de nos stations de police, arrêté des hommes politiques. Si vous en connaissez un, vous pouvez me donner les noms », déclare le général Kanyama.
Selon lui, aucun responsable des églises n’a amené une plainte indiquant qu’on les a empêchés de se réunir.
« Est-ce que les responsables des salles ou des églises vous ont amené une plainte pour dire que les responsables de la police ont empêché les gens qui étaient chez nous? Moi je ne connais pas ça. La ville est très calme », souligne le général Kanyama.
Le vote de la loi électorale à l’Assemblée nationale avait suscité de vives tensions au sein de la population. Deux articles avaient suscité un grand débat et divisé les députés. Il s’agit de l’article 8 sur l’identification de la population et de l’article 13 lié à la parité.
Concernant l’identification de la population, la version initiale de la loi -finalement amendée- prévoyait que la liste électorale soit actualisée en tenant compte de l’évolution des données démographiques et de l’identification de la population. Faire de cette disposition un préalable à l'organisation des élections prolongerait le mandat du président Kabila qui prend fin en novembre 2016, estimait l'opposition parce que selon elle, les opérations liées au recensement prendraient des années à être réalisées.
Lundi 19 janvier 2015, ce texte devrait être renvoyé au Sénat pour une seconde lecture. C’est ce même jour que la population est descendue dans la rue pour manifester. Des morts, 42 selon les ONG, et des blessés ont été enregistrés. Le sénat, d'abord, et l'Assemblée nationale ensuite, amendèrent le texte après trois jours d'émeutes élaguant ses dispositions controversées. Le calme revint à Kinshasa et dans certaines villes du pays où des manifestations avaient été signalées.