L’Eglise catholique de Bukavu est encore en deuil. Une religieuse, la soeur Denise Kahambo Murahirwa a été tuée par balle, lundi soir à 19 h 30 locales, par des hommes armés en uniforme. Selon le responsable de la commission justice et paix de l’archidiocèse de Bukavu, les assaillants ont attaqué le monastère Notre Dame de la Clarté de Murhesa situé à 20 kilomètres de la ville de Bukavu, en territoire de Kabare, rapporte radiookapi.net
Alertés, le vice-gouverneur et le commandant de la police se sont immédiatement rendus sur le lieu du drame. Un point de presse est prévu ce mardi matin par le vice-gouverneur de province tandis qu’une messe se tiendra sur place à Murhesa.
Deux religieux abattus à moins de 48 heures
L’assassinat de la soeur survient deux jours seulement après le meurtre d’un prêtre de la paroisse de Kabare. L’abbé Daniel Cizimia a été abattu lui aussi par des hommes armés dans la nuit de samedi à dimanche, dans sa chambre du couvent de la paroisse de Kabare. En signe de protestation de cet assassinat, les écoles publiques conventionnées du secteur de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel de Bukavu n’ont pas ouvert leurs portes lundi. Cet arrêt de travail irait jusqu’à l’enterrement ce mardi du prêtre assassiné. Les obsèques étaient initialement prévues lundi ont été reportées à mardi, en attendant l’arrivée à Bukavu de Mgr Maroyi. Le corps de l’abbé Cizimia est exposé à la cathédrale Notre Dame de la paix où plusieurs personnes défilent pour lui rendre leur dernier hommage. Pendant ce temps, la police continue à auditionner trois suspects. Leur évacuation de Kabare à Bukavu a entraîné dimanche la mort d’une autre personne et cinq blessés. Le drame a eu lieu au moment où la foule voulait lyncher ces suspects. Elle a été dispersée par des coups de feu, tirés à balles réelles, par des FARDC en faction à Kabare.
D’après le président provincial du Syndicat national des écoles conventionnées protestantes du Sud-Kivu, M. Munganga Muzegekwa cette décision se justifie par le fait que les assassinats se multiplient au jour le jour, sans que cela ne puisse inquiéter les gouvernants. « Nous trouvons que nous sommes en danger. Si on doit tuer un pasteur, un prêtre, de surcroît un enseignant, nous pensons qu’il y a un danger qui nous guette. Nous devons donc nous mobiliser tous, la vie humaine est sacrée, elle doit être protégée par n’importe qui, et même par le pouvoir. », déclare-t-il.
Des religieux, des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme, sont particulièremet visés
Il faut dire que l’insécurité n’épargne aucune catégorie sociale au Sud Kivu, et plus particulièrement à Bukavu et ses environs. Déjà, en octobre 1996, l´archevêque de Bukavu, Mgr Christophe Muzirhwa, avait été abattu par les soldats de l´AFDL. Dans le domaine des droits de l’homme, en juillet 2005, on assistait à l’assassinat de l’activiste de Pascal Kabungulu, activiste des droits de l’homme bien connu. Sa perte avait suscité un émoi dans l’opinion, à Bukavu et dans tout le pays. Le procès sur cet assassinat avait été suspendu en décembre 2006, le tribunal de Bukavu s’étant déclaré incompétent. En juillet 2007, soit exactement 2 ans après la disparition brutale de Pascal Kabungulu, les activistes de droits de l’homme avaient manifesté à Kinshasa, non seulement pour exiger la réouverture du procès, mais aussi sa délocalisation, de Bukavu à Kinshasa. Depuis lors, plus rien.
Les malfaiteurs n’ont pas désarmé. Cette fois, leur nouvelle cible était des journalistes. C’est ainsi que le 13 juin 2007, Serge Maheshe, journaliste de Radio Okapi, avait été assassiné. Sa disparition attrista toute la corporation et un procès fut ouvert à Bukavu et le verdict rendu. Mais les organisations de défense des droits de l’homme et des professionnels de la presse avaient dénoncé des irrégularités dans le déroulement de ce procès. Et en novembre 2008, c’était le tour de Didace Namujimbo, un autre journaliste de Radio Okapi/Bukavu d’être abattu par des hommes armés non autrement identifiés jusqu’à ce jour. Le procès n’a jamais eu lieu. Enfin, toujours à Bukavu, Bruno Koko Chirambiza, 24 ans, journaliste présentateur du journal en Swahili à la radio Star, une radio locale émettant de Bukavu, a été tué dans la nuit de samedi à dimanche 13 aôut 2009 au quartier Kasali dans la commune de Kadutu alors qu’il rentrait chez lui.