L’Action contre l’impunité pour les droits humains, (ACIDH), une ONG basée au Katanga, dénonce la pollution des puits du village Lwano par Rwashi Mining, une entreprise minière opérant dans cette localité du Katanga, à une dizaine de kilomètres de Lubumbashi. Dans un communiqué publié mercredi dernier et parvenu samedi à radiookapi.net, l’ACIDH accuse cette entreprise de déverser des eaux acidifiées provenant de ses installations dans les puits servant à l’arrosage des produits agricoles.
Dans son communiqué, l’ONG affirme avoir fait le constat à deux reprises sur le terrain. Plusieurs hectares des champs du village Lwano sont ainsi endommagés par les eaux acidifiées déversées par Ruashi Mining, indique ce communiqué. D’après l’association “Groupe d’appui aux femmes mal nourries”, 50 ménages seraient affectés par cette pollution d’eau, étant donné que les produits agricoles sont les sources principales des moyens de survie des communautés locales, souligne encore l’ACIDH. Pour cette ONG, Ruashi Mining n’en serait pas à sa première pollution de l’environnement de ce village. Il faut donc, recommande-t-elle, que le gouvernement national dépêche sur place une commission d’experts pour évaluer l’ampleur de la pollution sur le village Lwano.
Mais, l’entreprise accusée rejette les allégations de l’ONG ACIDH. Il ne suffit pas qu’une ONG écrive quelque chose contre une entreprise pour que cela devienne la vérité, encore faut-il que cela soit démontré, s’est insurgé M. Grant, le directeur de la Ruashi Mining. « On est triste de voir que ces gens écrivent ces genres des lettres, parce que nous travaillons en collaboration avec la population, et nous voulons aider la communauté. S’il y a quelque chose qui n’est pas correct, on aimerait bien que les gens viennent nous voir pour qu’on discute », a-t-il déclaré. Pour M. Grant, son entreprise a toujours respecté les règles internationales en matière de protection de l’environnement.
Absence des mesures d’encadrementrnL’accusation de pollution en RDC est loin d’être une réalité isolée. Toujours au Katanga, l’entreprise Boss Mining a été accusée de pollution de l’air en janvier 2009. La plate-forme des activistes de droits de l’Homme de Likasi, Padholik, s’était inquiétée de la propagation de la fumée nocive sur toute la ville de Likasi. Des fumées parties d’un incendie des entrepôts de Boss Mining, selon Denis Kalonji, le maire de la ville. Dans ces entrepôts, figuraient plusieurs produits dont le brome, avait indiqué Denis Kalonji. Le brome est un produit très toxique pouvant provoquer une intoxication pulmonaire.
A Kinshasa, le président du Parti écologiste congolais, (Peco), Didace Pembe, indexait en mai 2009 les sociétés brassicoles et cosmétiques. Cet ancien ministre de l’environnement avait accusé ces sociétés de polluer le fleuve Congo. Ce parti avait procédé aux analyses des échantillons prélevés au niveau du pool Malebo. Les résultats avaient abouti à la détection du niveau d’acidité de phosphate, nitrite et de cuivre très élevé dans les déchets déversés dans le fleuve, à tel enseigne qu’aucune vie n’est possible au lieu de déversement de ces déchets, avait soutenu Didace Pembe.
Le Président du Peco, redoutait que cette situation ne puisse provoquer des cas de cancer, des maladies de rein et bien d’autres maux chez les consommateurs des poissons de ce fleuve.
Au Bas Congo, c’est le député Gilbert Kiakwama qui accusait en mai 2008, la société pétrolière Perenco de polluer l’eau dans la ville côtière de Moanda. Une accusation relayée par des ONG basées à Moanda. L’une d’elle, « Réseau des ressources naturelles », avait également dénoncé l’absence des mesures d’encadrement et de politique de dépollution, que ce soit du coté de l’Etat ou du coté des sociétés pétrolières. Le scénario demeure quasiment le même : D’un coté, il y a des accusateurs qui crient à la pollution. Des députés ou des activistes des droits de l’homme. Les accusés, eux, rejettent systématiquement les accusations, mettant en cause les analyses brandies et rassurant qu’ils veillent dans la mesure du possible au respect de l’environnement. Dans tout cela, les services spécialisés de l’Etat chargés de lutter contre la pollution restent passifs au grand dam de la population.