L’Union des associations paysannes pour le développement endogène et communautaire, Unapadec, une ONG basée à Tshela à plus de 200 kilomètres à l’ouest de Matadi, demande au gouvernement de la RDC de prendre ses responsabilités pour faire face à la situation humanitaire qui se dégrade dans le territoire de Tshela. Les soldats angolais, présents dans ce territoire, interdisent aux populations d’exercer leurs activités champêtres, a dénoncé un responsable de cette ONG qui a requis l’anonymat, rapporte radiookapi.net
Les villages Mbata Yema et Kata Kangu sont actuellement déserts, affirme ce responsable de l’Unapadec. Les habitants de ces villages ont fui les incursions répétées de l’armée angolaise. Des militaires angolais patrouillent régulièrement dans cette zone, a poursuivi la même source.
Toujours d’après elle, les villageois ne vont plus dans leurs champs depuis plus d’une semaine, par crainte de la présence des militaires angolais. Ces soldats ont installé leur campement précisément dans les forêts des villages Kata Kangu et Kikwango Mbemba. Le responsable de l’Unapadec a affirmé que certains villageois dorment à la belle étoile en forêt. Il se pose aussi d’énormes problèmes d’eau potable, a-t-il précisé, car les zones où les sources se trouvent sont situées dans les contrées assiégées par les militaires angolais. Ces incursions à répétition dans cette partie du Bas Congo affectent la production agricole. Celle-ci a diminué et déjà la malnutrition s’installe, toujours selon ce responsable de l’Unapadec. La sécurisation des frontières de Tshela est plus qu’urgente et les autorités doivent agir, car la population est exposée aux affres des soldats angolais, a-t-il indiqué. La sous alimentation sévit car les villageois n’ont plus accès à leurs champs. L’administrateur de territoire de Tshela a affirmé à radiookapi.net avoir fait rapport aux autorités provinciales sur cette situation.
Toujours pas de réaction du gouvernement congolais
Joint vendredi par radiookapi.net, des hauts responsables du gouvernement congolais ont affirmé n’avoir pas reçu de rapport sur une quelconque incursion des soldats angolais dans la province du Bas Congo, promettant toutefois de vérifier cette information. « Il y a tellement des rumeurs qui circulent dans ce pays. Nous devons d’abord vérifier les faits sur terrain », a notamment avancé l’un de ces hauts responsables qui a souhaité ne pas être cité.
Pour rappel, les villages Kata kangu et Mbata Yema, dans le territoire de Tshela situé à plus de 200 Kilomètres à l’ouest de Matadi sont vidés de leurs habitants depuis le samedi 17 octobre dernier. Ces villageois ont fui l’incursion des militaires de l’armée angolaise dans leur contrée, selon des témoignages recueillis sur place. Ces militaires ont affirmé aux villageois qu’ils étaient à la recherche des maquisards du Front de libération de l’enclave de Cabinda, FLEC, un mouvement rebelle angolais.
Incursions angolaises : l’arbre qui cache la forêt
Les conflits frontaliers entre la RDC et l’Angola ne datent pas d’aujourd’hui. En février 2007, les militaires angolais avaient occupé des villages dans le territoire de Kahemba, dans la province du Bandundu, selon plusieurs témoignages. Une commission parlementaire dirigée par le député Roger Lumbala était même descendu sur terrain pour examiner la question des villages querellés. 11 au total, avait-on avancé par certains députés. Le gouvernement congolais, au départ réservé sur la question, avait fini par reconnaitre que 3 villages seulement étaient concernés : Shayimbuanda, Shakadiata et Buamvina. A Shayimbuanda, les soldats angolais munis d’armes lourdes se seraient livrés à l’exploitation des minerais dans la rivière de Katamba, selon des témoins. Octobre 2007 : les experts congolais, angolais, portugais et belges se retrouvent à Bruxelles pour traiter ce dossier. La question de ce conflit frontalier passera sous silence jusqu’à mars 2009. Une autre incursion angolaise est signalée, cette fois là, dans les villages Sava Ina et Kuzi, territoire de Mbanza-ngungu dans la province du Bas Congo. Les forces angolaises vont finalement se retirer de ces villages, sans qu’aucune réflexion profonde ne soit menée sur cette énième incursion.
Le pétrole au centre de la querelle ?
L’exploitation du pétrole aux larges de l’océan Atlantique constitue la pomme de discorde entre la RDC et l’Angola, d’après des analystes politiques. L’Angola n’apprécie pas la législation congolaise en matière de délimitation des espaces maritimes de la RDC, soutiennent-ils. La mission permanente de l’Angola auprès des Nations unies l’a fait savoir à cette structure. Cela, dans une correspondance adressée au Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki Moon, le 31 juillet 2009. Dans ce document, Le gouvernement angolais « rejetait cet acte visant la délimitation unilatérale de toutes les zones maritimes, y compris le plateau continental et demandait l’application des règles du droit international, et l’application de la jurisprudence internationale en la matière ». Pour ces analystes, seules des discussions franches et ouvertes sur cette question pourront éviter l’ouverture d’un nouveau front à l’ouest entre la RDC et l’Angola.