Gaz carbonique du lac Kivu : Les scientifiques s'inquiétènt

Le volcan Nyiragongo à Goma

Le volcan Nyiragongo à Goma

Le lac Kivu constitue un facteur d’unité entre le Nord et le Sud-Kivu. Mais, le gaz carbonique contenu dans les eaux de ce lac présente également une menace pour les populations riveraines des provinces du Nord et Sud-Kivu, si aucune disposition préventive n’est prise. Les scientifiques sont inquiets, mais personne n’ose en parler, rapporte radiookapi.net

Les Experts dans le domaine des hydrocarbures sont unanimes. Ils reconnaissent qu’outre le gaz méthane(NH4), qui constitue une réelle richesse énergétique dans le lac-Kivu, les eaux de ce lac dissimulent également près de 300 milliards de mètres cubes de gaz carbonique dissous dans l’eau.
Le volume de ce gaz augmente d’année en année, selon les mêmes sources, et n’importe quel événement fortuit peut parvenir à rompre ce que les scientifiques appellent «l’équilibre hydrostatique». Ce qui pourrait laisser remonter le CO2 en surface.
«Nous ne sommes pas encore au niveau de la rupture de l’équilibre hydrostatique. Nous craignons seulement des facteurs exogènes comme un glissement de terrain, une grande éruption volcanique ou un grand tremblement de terre: cela peut précipiter l’événement. Donc, nous devons absolument prendre des précautions avant que l’événement ne puisse avoir lieu», explique le chercheur volcanologique, Matthieu Yalire.
Ce cas est déjà arrivé en 1986 au lac Nyoss, au Cameroun , dans la même zone de l’ Afrique centrale : là, plus de 200 personnes avaient trouvé la mort ainsi que du bétail, dans un rayon de 30 kilomètres.
Les scientifiques de l’Observatoire vulcanologue de Goma (OVG) sont formels: il faut dégazer le lac Kivu. Mais, la procédure exige des installations spéciales que l’OVG ne dispose pas pour l’instant.

Les villes de Gisenyi et Bujumbura aussi concernées

En août dernier, une équipe de scientifiques a révélé que deux millions d’habitants du Nord Kivu, riverains de ce lac, vivent sous la menace directe d’une explosion de gaz carbonique. Ce dernier se trouve à seulement 12 mètres de profondeur. Les villes de Goma et de Bukavu en RDC, Gisenyi et Cyangungu au Rwanda et voire Bujumbura au Burundi seraient touchées par la propagation de ce gaz carbonique, ont-ils estimé. Le dégazage du golfe de Kabuno, c’est-à-dire le procédé scientifique qui fait s’échapper le gaz carbonique et réduire ainsi sa teneur et sa nocivité, nécessite 3 millions d’euros. La Banque mondiale a déjà alloué 3 millions USD à ce projet, selon le ministre de l’Environnement, José Endundo.

Dans le même lac, rappelle-t-on, se trouve également le gaz méthane pour lequel Le Rwanda et la RDC se sont engagés à investir 300 millions USD pour son exploitation commune.