Guerre de l'Est : 2 millions de déplacés, le CNDP s'explique, la Monuc appelle au respect des lignes de désengagement

Le porte-parole du CNDP justifie la reprise du camp de Rumangabo par le fait que la Monuc, Mission des Nations unies au Congo, n’a pas empêché les FARDC d’attaquer leurs positions. Pour Bertrand Bisimwa, la Monuc est incapable de maîtriser les velléités des FARDC. La Monuc, quant à elle, estime qu’elle a toujours veillé au respect de la ligne de désengagement au front entre les belligérants. Entre temps, le nombre des déplacés atteint les 2 millions de personnes.

Bertrand Bisimwa explique : « Ce qui conduit à l’escalade militaire constaté ces derniers jours, c’est seulement l’incapacité de la Monuc de maîtriser les velléités bellicistes de l’armée gouvernementale. Vous savez que cette armée a occupé plusieurs de nos positions à Muweso, elle a tiré sur nos positions à Tamugenga et Bushanga. »rnPour Bertrand Bisimwa, le CNDP est entrain de se défendre contre une coalition FARDC-FDLR-Monuc. « Le programme Amani peut continuer, mais nous, nous disons que s’il faut que la paix revienne, nous devons nous asseoir avec le gouvernement pour discuter des modalités de la paix. »

Alan Doss parle d’incompréhension qu’il faudrait aplanir

Le chef de la Monuc estime que la mission onusienne en RDC a toujours veillé au respect de la ligne de désengagement au front entre les belligérants. Alan Doss affirme que, de part et d’autre, il y a un peu d’incompréhension qu’il faudrait coûte que coûte aplanir pour arriver au résultat attendu, c’est-à-dire à la paix : « Nous nous sommes entretenus à plusieurs reprises avec les FARDC pour insister qu’elles se redéploient dans les lignes de désengagement tel que préconisé par le plan de désengagement adopté par le gouvernement congolais. Et donc, chaque fois que nous étions informés d’une telle situation, nous sommes intervenus auprès du gouvernement. Et, à plusieurs reprises, malgré les réticences, il y a eu un redéploiement. Le CNDP doit aussi respecter la même ligne. Dans plusieurs cas, je pense qu’ils l’ont fit. Cette fois-ci, j’espère qu’on respectera ces lignes de désengagement, pour nous permettre ensuite de créer des zones de séparation. Avec ces zones de séparation, on peut réduire les tensions, éviter des conflits inutiles, avec des morts et des blessés, et stabiliser les populations déplacées, parce que c’est eux qui en souffrent le plus. »

Le numéro un de la Monuc a demandé aux ambassadeurs représentants des pays membres du conseil de sécurité de s’impliquer davantage dans les résolutions des conflits dans le Nord-Kivu. Alan Doss a déclaré lundi soir au cours d’une réunion qu’il a tenue avec ces ambassadeurs au quartier Général de la Monuc à Kinshasa.

Julien Paluku juge la situation humanitaire dramatique

De milliers de déplacés qui étaient dans la région de Kibumba, à 30 kilomètres au Nord de Goma, continuent à arriver à Kibati, Kanyarutchinya et Munigi, à plus de 10 kilomètres de Goma, au Nord, dans le territoire de Nyaragongo.

Le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku parle d’un drame humanitaire : « Nous atteignions maintenant plus de 2 millions de déplacés dans toute la province. Ça fait le tiers de la population du Nord-Kivu. Et moi, je considère que c’est un drame humanitaire qui vient de s’ajouter au 6 millions de morts que nous avons déjà connus depuis que la guerre a commencé. Et je me dis finalement, il faudrait combien de morts, il faudrait combien de déplacés pour que la communauté internationale soit interpellée, de manière à mettre fin à ce drame ! Je crois que, la communauté internationale et tous les partenaires qui sont concerné par la crise au Congo, doivent mettre les bouchées doubles pour que ce drame soit arrêté et que finalement, les gens retrouvent la paix. »

Entre-temps, la situation humanitaire se dégrade davantage depuis les affrontements qui ont repris lundi dans le territoire de Rutshuru. Des sources sur place signalent les déplacements des populations de Rutshuru-Centre, Kiwanja et Rubare à près de 75 kilomètres au Nord de Goma. Plusieurs familles se dirigent à Kanyabayonga à plus de 70 kilomètres du chef lieu de Rutshuru, et d’autres ont pris la direction de Butembo, à plus de 200 kilomètres de Rutshuru-Centre. Selon la même source, ce mouvement de déplacement avait commencé lundi soir et se poursuit encore ce mardi.