Enquête : Quelle est la situation générale des aéroports de la RDC ?

Etat de la piste de l'aéroport de Kikwit

Etat de la piste de l'aéroport de Kikwit

La République démocratique du Congo a enregistré plusieurs crashs d’avion depuis l’année dernière. L’une des causes de ces accidents serait l’état des pistes d’atterrissage. Aucun aéroport de la RDC ne dispose de radar pour la surveillance de trafic. Seuls quelques émetteurs permettent d’établir le contact entre les pilotes et les tours de contrôle au sol. Certains aéroports, comme ceux de Kikwit, de Bukavu ou encore de Kananga, ne possèdent pas de tour de contrôle. radiookapi.net livre ici les résultats de son enquête.

Les camions anti-incendie de la RVA ne sont visibles qu’à Ndjili et à Lubumbashi. Quelques extincteurs qui ornent des aérogares sont inadaptés pour maîtriser les incendies causés par les accidents d’avion. Le crash d’un DC 9 à Goma au mois d’avril dernier a illustré l’inutilité de ces derniers.
Les pistes de grandes villes, avec au moins de 2 Km, inspirent confiance sauf celle de Goma engloutie en partie par les laves de Nyiragongo. Mais jamais réaménagées, certaines pistes présentent des fissures et des nids de poule.

Certaines d’entre elles sont situées au milieu des quartiers populaires ou commerciaux. D’où des cas d’avions qui finissent leurs courses sur des foules humaines. C’est le cas de l’accident de type k en 1996 où le dernier crash de Goma.
Les aérogares, là où il en existe, ne sont pas entretenues. C’est le cas à Kisangani où la salle d’attente ne dispose même pas de plafond. Dans certains endroits, il suinte même trois jours après une forte pluie.

Au manque d’entretien s’ajoute la tracasserie. De nombreux services s’y bousculent mettant ainsi passagers et bagages dans une situation de perpétuelle insécurité. Des disparitions des bagages y sont monnaie courante.
Conséquence, certaines entreprises ont résolu de délocaliser des aéroports, le chek-in des bagages.

Aéroport de Kavumu à Bukavu, archaïque

Une illustration de ce tableau avec l’aéroport de Kavumu dans le sud Kivu qui fonctionne toujours un système d’exploitation archaïque.
Aménagé en 1968 pour des besoins d’urgences d’opérations militaires, Cet aéroport connait plusieurs difficultés liées à sa gestion matérielle et technique.
L’aéroport de Kavumu possède une piste de 2 000 m de longueur et 45 de largeur à laquelle s’ajoutent 3 tarmacs. Ses bâtiments administratifs ne reflètent pas l’image d’un aéroport.
Il connaît en outre plusieurs problèmes. Il s’agit notamment de l’inexistence de bâtiments servant d’aérogare, la quasi-inexistence des installations sanitaires, d’eau et d’électricité, pas de véhicule anti-incendie; pas non plus de radar sauf un système de navigation par satellite.
La Tour de contrôle de la Monuc où travaillent les agents de la RVA est équipée d’un émetteur récepteur VHF pour communiquer avec les aéronefs et aéroports voisins. Sans le réaménagement par la Monuc, en 1997, d’une partie de la piste l’aéroport serait déjà fermé.
La piste présente toujours un danger compte tenu de son emplacement à l’intérieur des collines et sa longueur estimée courte pour les gros porteurs. Le manque de balisage empêche tout atterrissage ou décollage la nuit.
L’aéroport n’étant pas clôturé, il connaît une insécurité importante puisque militaires, habitants du coin et animaux s’y promènent souvent.
Un projet de réhabilitation de l’aéroport est maintenant à l’étude. Il rencontre l’opposition de certains habitants du village voisin de Bwimika qui devraient quitter leurs propriétés proches de la piste.

Equateur : 3 aéroports, mais 1 seul balisé

L’Equateur compte trois aéroports: l’aéroport international Moanda de Gbadolite avec une piste de 3.200 mètres et les aéroports nationaux de Mbandaka et de Gemena, avec chacun une piste 2 200 mètres. Les pistes de tous ces aéroports sont en très bon état. Les tours de contrôle équipées et fonctionnelles, hormis celui de l’aéroport de Gbadolite pillée pendant la guerre. Mais seul l’aéroport de Mbandaka a encore, en ce jour, le système de basilage radio et lumineux. Quant à la piste de l’aérodrome de première catégorie de Lisala, elle se dégrade de jour en jour. Sa largeur, hier de 50 mètres, est réduite aujourd’hui à 45 mètres à cause des érosions. A retenir cependant que tous les aéroports de l’Equateur ne sont pas sécurisés présentement contre les incendies si ce n’est celui de Mbandaka avec l’équipement de la Monuc dont le véhicule anti-incendie n’assiste pas toujours des vols non Monuc. La situation salariale du personnel de la Régie des Voies Aériennes qui travaillent dans ces infrastructures aéroportuaires est déplorable. Partout, les agents de la RVA accusent plusieurs mois d’arriérés de salaires. 120 mois d’arriérés de salaires pour les agents de Gbadolite, plus de 100 mois pour ceux de Lisala et Gemena et 26 mois pour les agents de la RVA / Mbandaka.

L’aéroport international de Nd’jili, à moderniser

Un système classique non radar sert au contrôle de la navigation aérienne à l’aéroport international de Nd’jili. Selon, le commandant adjoint de cet aéroport ce système est fiable et n’a jamais été à la base des crashs. Il a par ailleurs relevé la nécessité du réaménagement de la piste construite en 1954 et de l’aérogare afin de répondre aux conditions actuelles du trafic aérien: « Il y a la vétusté qui doit déjà commencer à se manifester, surtout que la piste avait été conçue pour des avions de type DC.6 et autres. Aujourd’hui, cette piste est sollicitée par des avions allant jusqu’à 350 tonnes. C’est le cas des Boeing 747. Avec la sollicitation des avions 10 fois plus important aux alentours, comprenez que ça pose des problèmes. Les avions modernes à forte capacité que connaît le monde aujourd’hui, le flux de passagers qui a fortement augmenté, pose des problèmes de capacité par rapport aux installations. Normalement, [il faudrait] un redimensionnement de l’aéroport. Quant à la file d’attente des passagers, il y a d’autres facteurs. Avec de nouveaux problèmes liés à la sûreté aérienne, surtout depuis les événements du 11 septembre, nous savons que la configuration de l’aéroport ne répond plus tellement aux normes actuelles de sûreté. Il faut aussi repenser l’architecture. »

Bandundu

Début depuis lundi dernier des travaux de réhabilitation de l’aéroport national du Bandundu. Les travaux consistent à boucher les nids des poules et niveler certains endroits de la piste. Un ingénieur de la RVA venu de Kinshasa, exécute ces travaux avec l’appui de l’office des voiries et drainages, OVD. Notons que l’état de cette piste devenait de plus en plus inquiétant pour les aviateurs.
Cette réhabilitation intervient 13 ans après la dernière qui était d’ailleurs inachevée.