Procès Franck Ngyke : un verdict au goût amer, selon la partie civile

Deux condamnés à mort, un à perpétuité, un acquitté. Tel est le verdict rendu vendredi 13 avril à Kinshasa dans l’affaire Franck Ngyke, journaliste du quotidien kinois “La Référence plus”, tué en compagnie de son épouse en novembre 2005. Les trois condamnés sont tous militaires. Ils sont accusés d’assassinat, d’extorsion, de vol à main armée et de violation de consignes militaires. Mais ce verdict, rappelle radiookapi.net, ne satisfait ni les avocats des accusés, ni la partie civile.

Pour le tribunal militaire de la garnison de Matete, l’Etat congolais dont dépend l’armée, est civilement responsable des préjudices subis par la partie civile. Il doit payer par conséquent l’équivalent d’un million cinq cent mille dollars américains au titre des dommages et intérêts à la partie civile.

Mais ce verdict est loin de rencontrer les attentes des avocats des accusés et même de la de la partie civile. Tous sont convaincus que les vrais assassins sont protégés. Tshivis Tshivuadi, secrétaire exécutif de l’ONG Jed (Journaliste en danger), un des membres de la partie civile, se dit déçu d’autant plus qu’on ne connaîtra jamais la vérité dans cet assassinat qui s’était passé dans la nuit du 2 au 3 novembre 2005, selon lui. Qui a vraiment tué le journaliste et son épouse et pour quel motif ?, s’est-il interrogé.

Pour M. Tshivis, le tribunal militaire n’a pas été en mesure de lever toutes les zones d’ombre qui entourent cette affaire, à l’issue d’un procès qui a duré 10 mois. Le secrétaire exécutif du Jed considère cet assassinat comme un grand mystère.

Il regrette le fait que « le tribunal se soit rangé dès le départ sur la thèse plus ou moins officielle d’un crime crapuleux qui ne résiste à aucune analyse ». Car pour lui, personne ne convaincra que le journaliste et sa femme ont été tués à leur domicile pour que les criminels prennent deux téléphones. «Toutes les pistes étaient ouvertes, mais le tribunal n’a pas voulu aller jusqu’au fond de l’instruction. Pour nous, c’est un procès qui est tout à fait inachevé parce qu’il laisse en circulation d’autres assassins du journaliste et peut-être de véritables assassins qui sont les commanditaires de ce crime », conclut-il.