Comme annoncé et malgré la journée ville morte décrétée par le "Rassemblement" de l'opposition congolaise, les travaux préparatoires du dialogue politique ont démarré mardi à Kinshasa. Non sans la présence de certains opposants au régime du président Joseph Kabila.
Presque neuf mois après sa convocation par le président Joseph Kabila, le dialogue politique débute enfin en RD Congo. En tout cas, mardi 23 mars, la cérémonie de lancement officiel de ces pourparlers, qui n’en sont pour l’instant qu’au stade des travaux du comité préparatoire, a eu lieu dans la grande salle de l’hôtel Béatrice, avenue Isiro, à quelques mètres du grand boulevard du 30-Juin, à Kinshasa.
Entouré notamment des représentants de la Communauté économique des pays de l’Afrique australe (SADC) et de l’ONU, Edem Kodjo, facilitateur de l’Union africaine (UA) pour ce dialogue, a réitéré son appel aux acteurs politiques congolais pour qu’ils résolvent ensemble « la crise qui guette le pays ». Allusion faite au processus électoral qui a pris beaucoup de retard alors que le second et dernier mandat de Joseph Kabila arrive à son terme le 19 décembre.
« Pour ce processus de dialogue qui se tiendra conformément à la Constitution congolaise et à la résolution 2277 du 30 mars 2006 du Conseil de sécurité des Nations unies, le comité préparatoire a pour objectif principal de préparer les aspects normatifs, matériels et logistiques du dialogue national », a précisé Edem Kodjo, soulignant que « les questions de fond » seront traitées lors des pourparlers proprement dits entre les parties prenantes.
Ne participent pas au comité préparatoire
Mais plusieurs partis et personnalités de l’opposition, regroupés au sein du « Rassemblement » autour de l’opposant historique Étienne Tshisekedi, ont boudé le début des travaux préparatoires de ces pourparlers, soupçonnant l’ancien Premier ministre togolais de jouer le jeu du pouvoir. À la place, ils ont appelé à une journée ville morte à travers le pays.
Abondant dans le même sens que le leader de l’Union pour la démocratique et le progrès social (UDPS), de retour à Kinshasa après une longue convalescence en Belgique, Moïse Katumbi estime quant à lui, dans un communiqué publié lundi, que « les conditions de la participation au dialogue fixées par le ‘Rassemblement’ (…) sont encore loin d’être remplies ». Et ce, même après la « mesure de décrispation politique » prise par le gouvernement, qui a ordonné le 19 août la libération de certains prisonniers politiques (20 des 24 personnes concernées étaient en réalité déjà en liberté) et la réouverture de deux chaînes de télévision proches de l’opposition.
« Une provocation à l’encontre du peuple congolais »
« La convocation de la commission préparatoire du dialogue (…) est donc inappropriée et constitue une provocation à l’encontre du peuple congolais », s’insurge l’ancien gouverneur du Katanga, aujourd’hui démembré. En conséquence, des regroupements politiques qui le soutiennent – le G7 et l’Alternance pour la République (AR) entre autres – ont également boycotté le démarrage des pourparlers à Kinshasa.
Le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba s’est déclaré également « non concerné » par le dialogue tel que convoqué par le président Joseph Kabila. Même fin de non recevoir ou presque du côté du regroupement politique de Léon Kengo wa Dondo.
« L’Opposition républicaine n’est absolument pas représentée aux travaux préparatoires du dialogue », a affirmé à Jeune Afrique Franck Mwe Di Malila, proche du président du Sénat et vice-ministre en charge de la coopération internationale et de l’intégration régionale. « Nous avons fait connaître notre position lors du meeting du 14 août à Kinshasa : nous ne sommes favorables à un dialogue que si ce dernier est inclusif. Autrement dit, les pourparlers doivent inclure à la fois l’UDPS, le G7 et le MLC ».