A Kinshasa, des voix s”élèvent pour demander une médiation internationale dans la crise politique congolaise et entamer enfin le dialogue national annoncé par Joseph Kabila. Denis Sassou Nguesso pourrait bien faire l’affaire.
Un dialogue national pour débloquer l’impasse politique en République démocratique du Congo ? L’idée vient du président Joseph Kabila lui-même, lors de ses voeux à la nation. Mal réélu et affaibli après un cycle électoral calamiteux et le retour de la guerre à l’Est, Joseph Kabila a proposé un dialogue inter-congolais avec l’opposition et la société civile pour “recréer la cohésion nationale“ ou … “pour gagner du temps” dit-on chez ses détracteurs. Prévu avant la fin janvier, le dialogue annoncé par Joseph Kabila peine à se mettre en place. “C’est mal parti !” titrait il y a quelques jours la presse kinoise.
Un dialogue national mort-né ?
Pour faire simple ans cette histoire de dialogue national, tout le monde y va à reculons. A commencer par les proches du président, comme Pierre Lumbi. Le leader du MSR ne souhaite effectivement pas que ce débat tourne à la cacophonie et remette en cause la légitimité de Joseph Kabila. Du côté de l’UDPS, le premier parti d’opposition congolais, on refuse carrément de prendre part à la concertation nationale. Le parti d’Etienne Tshisekedi ne reconnaît tout simplement pas la légitimité du président Kabila. Pour l’UNC de Vital Kamerhe, arrivé en troisième position à la présidentielle, ce sont les deux initiateurs du dialogue qui posent problème. Evariste Boshab et Aubin Minaku font en effet partie du premier cercle de la majorité présidentielle. Ils seraient juges et parties.
Un médiateur international
Devant autant de “bonnes” volonté, certains politiques proposent alors la désignation d’un médiateur international, comme Jean-Lucien Busa du MLC, le parti de l’opposant Jean-Pierre Bemba. Selon lui, “le chef de l’Etat et sa famille politique sont une partie du problème et ne peuvent pas, par conséquent, être les impulseurs de ce dialogue“. Une ONG congolaise des droits de l’homme va même plus loin. Le Renadhoc se dit favorable à un dialogue national organisé “par une personnalité neutre qui encouragerait la participation des toutes les sensibilités politiques congolaises“. Sur le site de Radio Okapi, Fernandez Murhola, le secrétaire exécutif de l’ONG, estime que “cela ne servirait à rien de faire un dialogue où il n’y aura pas Tshisekedi, Kamerhe ou Mosengwo. Si nous allons aujourd’hui au dialogue et que les trois premières forces de l’opposition ne participent pas, cela n’aura pas un impact“. Selon lui, Denis Sassou Nguessou, le président du Congo voisin, ferait “un bon facilitateur” de par “sa maîtrise parfaite des tous les acteurs politiques de la RDC“.
Le “joker” Sassou
Le nom de Denis Sassou Nguesso dans la crise congolaise n’est pas un hasard. Depuis plusieurs mois, le président du Congo-Brazzaville s’est mué en médiateur “tout-terrain” des causes perdues. Sur la crise centrafricaine de décembre 2012, Sassou est intervenu auprès du président Bozizé pour qu’il accepte de négocier avec les rebelles de la Séléka à Libreville. La rébellion était aux portes de Bangui, la capitale, proche de faire sauter le verrou de Damara. Si beaucoup doute de la pérennité des accords de Libreville, les discussions ont tout de même mis fin à l’offensive rebelle et ont permis au président Bozizé de sauver son fauteuil. Sur le dossier congolais, la situation est assez similaire. Joseph Kabila fait face aux rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, et peine à trouver une sortie de crise. Les négociations de Kampala piétinent et les rebelles menacent de reprendre la ville de Goma.
Dans l’affaire congolaise, Sassou Nguesso a déjà avancé ses pièces depuis plusieurs mois : un rapprochement avec le rwandais Paul Kagame pendant l’été 2012, assorti d’échanges commerciaux, une rencontre avec Kabila en tête à tête et enfin une rencontre avec Kagame le 17 février 2013. Lire la suite sur courrierinternational.com