Adoptée en 2006 dans la constitution, la décentralisation tarde toujours à se concrétiser en République démocratique du Congo. En visite dans la bouillonnante province du Katanga, le ministre le l’intérieur a affirmé que la décentralisation se fera “au rythme de chaque province“. Une formule “à la carte” pour tenter de rassurer les Katangais, partagés entre l’envie d’autonomie et la crainte d’éclatement de leur riche province.
Au Katanga, Richard Muyej, le ministre de l’intérieur congolais, marche sur des oeufs. Ici, certains Katangais voient d’un très mauvais oeil le redécoupage provinciale proposé par la constitution de 2006… et toujours pas en vigueur. Le texte prévoit le passage de 11 à 26 provinces. Ce nouveau découpage territorial permettrait aux provinces d’acquérir “une autonomie de gestion en conservant 40 % de leurs recettes” afin de gérer une fonction publique provinciale, des programmes miniers et forestiers et des investissements en infrastructures. L’article 2 de la constitution stipule également que les 26 provinces pourraient être “redécoupées et réunifiées, selon la volonté du peuple“… d’où une certaine inquiétude chez certains Katangais.
Le “Katanga utile“
Le sujet de la décentralisation est particulièrement sensible au Katanga, partagé entre zones minières riches au Sud et agricoles pauvres au Nord. L’actuel Katanga pourrait être morcelé en 4 territoires distincts : le Haut-Katanga, le Haut-Lomami, le Tanganyika et le Lualaba. Les Katangais du Nord craignent d’être les laissés pour compte du Sud, le “Katanga utile“. A la tête de l’Assemblée provinciale, le turbulent Gabriel Kyungu, plaide lui pour un fédéralisme “assumé“. Avec son parti, l’Unafec, le patron de la province prône un Katanga “fort” et plus “autonome“. Ses opposants l’accusent de vouloir renouveler les velléités sécessionnistes de 1960 et de vouloir “balkaniser” la RDC. Pour seule réponse, Gabriel Kyungu a lancé un pétition en faveur du fédéralisme depuis l’été 2012. Son objectif : 100.000 signatures pour faire bouger le pouvoir central. Il en aurait recueilli pour le moment 53.000.
Indépendantistes en embuscade
Véritable serpent de mer en République démocratique du Congo, la décentralisation constitue pourtant l’une des solutions pour sortir le pays des crises à répétition : Nord et Sud-Kivu, Ituri, Equateur, Bas-Congo et… Katanga. Comme pour marquer le passage du ministre de l’intérieur à Lubumbashi, la capitale katangaise, un groupe de miliciens Maï-Maï nommé “Bakata Katanga” a réclamer mardi 29 janvier “l’indépendance de la province“. Cette milice sème la terreur depuis plusieurs semaines parmi l’ethnie luba et s’en prend également aux forces de sécurité congolaises. Dimanche 27 janvier, la chefferie de Kikondja situé dans le territoire de Bukama a été le théâtre de violences provoquées par les “indépendantistes” katangais. Bilan : 4 morts côté Maï-Maï et un policier blessé.
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