RDC-M23: "Un compromis est possible" pour Rucogoza -Courrier International

Rucogoza espère signer un accord avec le gouvernement congolais. Malgré les blocages sur les questions politiques, la rébellion souhaite pouvoir aborder toutes ses revendications avec Kinshasa. Le M23 vient de demander au président ougandais Museveni de jouer les arbitres. Le chef de la délégation du M23 calme le jeu à Kampala. Dans une interview exclusive accordée à Afrikarabia, François .

- Afrikarabia : Les tensions sont vives à Kampala entre le M23 et le gouvernement congolais. Les désaccords sont nombreux, notamment sur les questions de politique intérieur. Le facilitateur ougandais, Crispus Kiyonga, a refusé que ces négociations remettent en cause la légitimité du président Kabila. Vous souhaitez le récuser ?

- François Rucogoza : Le récuser ? Non, je ne crois pas. Il y a eu une petite contradiction sur un point de l’ordre du jour (les questions politiques, ndlr), mais je ne crois pas qu’on va le récuser. Nous avons demandé à la facilitation d’informer notre médiateur, le président Museveni, pour que l’on puisse faire quelques précisions. Nous avons sollicité une audience au président ougandais.

- Afrikarabia : On sait que ce sont les revendications politiques et constitutionnelles qui bloquent pour le moment.

- François Rucogoza : C’est vraiment très contradictoire, puisque nous avons déjà signé ces points à l’ordre du jour avec le gouvernement et la facilitation. Le premier point était les accords du 23 mars 2009, le deuxième point, les questions de sécurité et le troisième point  concerne les questions politiques. Nous devons donc “vide”r les questions politiques, sociales et économiques avec le gouvernement congolais. Personne ne peut donc nous empêcher de dire ce que nous pensons des problèmes du Congo. Nous devons trouver des pistes de solutions à tous les problèmes du Congo.

- Afrikarabia : Lorsqu’un membre de la délégation du M23, Roger Lumbala, déclare sur RFI, qu’il souhaite le départ de Joseph Kabila, vous le suivez sur cette revendication ?

- François Rucogoza : Nous sommes dans des négociations, il y a donc des revendications. Nous devons discuter de cela avec la partie gouvernementale. Mais c’est évident qu’il y a des souhaits et des questions politiques qui se posent. Nous devons examiner le problème des élections contestées de novembre 2011, la “vérité des urnes”…. Si le président doit partir, il partira, si le président doit rester, il restera, mais nous devons examiner la question et trouver un compromis.

- Afrikarabia : Lorsque vous parlez de compromis, est-ce qu’un gouvernement de transition, à l’image de ce qui s’est passé en Centrafrique, est envisageable ?

- François Rucogoza : Oui, toutes les solutions sont possibles. Mais nous devons déjà respecter ce que nous avons signer dans l’ordre du jour. On va ensuite débattre et essayer de trouver un compromis. Mais attention, si nous ne pouvons discuter des questions politiques… cela n’ira pas. Toutes les questions doivent être abordés.

- Afrikarabia : On parle de dissensions au sein du M23 entre les politiques et les militaires, qui sont de plus en plus impatients.

- François Rucogoza : Non pas du tout. Nous sommes un mouvement qui est extrêmement bien organisé et structuré. Si des gens croient à cela… ils se trompent beaucoup.

- Afrikarabia : Si le blocage continue. Si le gouvernement congolais ne veut pas discuter des problèmes de politiques intérieurs avec vous, êtes-vous prêts à reprendre les armes et pourquoi pas la ville de Goma ?

- François Rucogoza : Ce n’est pas notre souhait. Nous avons toujours dit, même avant la prise de Goma, que nous voulions un compromis  pacifique. Nous avons toujours voulu discuter avec le gouvernement. Si le gouvernement refuse les voix pacifiques de la négociation… alors les mêmes causes produiront les mêmes effets. Vous avez bien vu que nous avons décrété un cessez-le-feu unilatéral pour laisser une place au dialogue.

- Afrikarabia : On attend dans la région la mise en place une force internationale neutre de 3.000 hommes à l’Est de la RDC. Vous redoutez son arrivée ?

- François Rucogoza : Pas du tout ! C’est une force neutre par rapport à quoi ? Nous sommes avec nos frères congolais en train de dialoguer. Nous avons privilégié ce processus pacifique. Si d’autres choisissent une voix belliqueuse, nous serons en droit de répondre et de se défendre. Mais je ne vois pas comment une force étrangère peut venir traquer une organisation qui est en train de discuter avec un gouvernement.

- Afrikarabia : Vous savez que beaucoup de Congolais redoutent une “balkanisation” de l’Est de la RDC. L’autonomie des Kivus est-il l’un de vos objectifs ?

- François Rucogoza : La “Balkanisation” par rapport à quoi ? Roger Lumbala, qui est avec nous, vient du Kasaï (une province du centre du pays, ndlr). Notre organisation est Congolaise et notre mouvement est national. Tout cela, c’est de la manipulation politique qui n’a pas de sens.

- Afrikarabia : Vous souhaitez toujours que l’opposition politique congolaise vous rejoignent ?

- François Rucogoza : Ce n’est pas seulement l’opposition, mais c’est aussi la diaspora. Nous devons résoudre les problèmes ensemble. Toutes les forces vives de la RDC doivent se retrouver autour de la table.

- Afrikarabia : Vous avez des contacts avec l’UDPS d’Etienne Tshisekedi ou l’UNC de Vital Kamerhe ?

- François Rucogoza : Pas seulement eux… avec tout le monde ! Les problèmes du Congo doivent être résolus avec tous les Congolais.

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