RDC : dialogue sans Kabila entre les autorités et le M23 à Kampala - RFI

Par Habibou Bangré

Après le retrait du M23 de Goma, ville clé de l’est de la République démocratique du Congo, un premier dialogue doit réunir à Kampala les autorités congolaises et les rebelles, sans le président Joseph Kabila, jeudi 6 décembre au soir ou vendredi matin.

« Ce dossier est très, très délicat », confie une source de la présidence en République démocratique du Congo. Selon elle, mardi en début de soirée, les discussions « battaient leur plein » pour trancher sur une question : le président Joseph Kabila doit-il se rendre à Kampala pour rencontrer une délégation du Mouvement du 23-Mars (M23), que l’armée combat depuis mai dans la riche province du Nord-Kivu (est) ?

Le 20 novembre, les rebelles se sont emparés de Goma, la capitale provinciale. Réunie en sommet le 24 novembre à Kampala, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) a demandé au M23 de quitter la ville et de retourner sur ses positions initiales, adossées au Rwanda et à l’Ouganda. En contrepartie, le président Kabila devait « écouter, évaluer et satisfaire les revendications légitimes ».

Alors que le jour du dialogue n’est pas encore fixé, la source présidentielle annonce que le chef de l’Etat « n’est pas du voyage ». « Aucune disposition ne disait que le président Kabila devait être lui-même présent, renchérit un cadre de la présidence. On a voulu trop personnaliser, et à tort, cette affaire. C’est le gouvernement qui avait signé les accords du 23 mars 2009 », dont les rebelles revendiquent la pleine application.

Aussi, indique-t-on à la présidence, « l’opinion publique est assez divisée sur cette question. Déjà, elle n’avait pas beaucoup aimé qu’il se rende à Kampala » pour le sommet de la CIRGL, présidé par l’Ouganda, médiatrice de la crise dans l’est congolais. « On doit (…) éradiquer le M23, pas négocier avec lui ou le légitimer comme cela a été fait par la CIRGL », a par exemple martelé Omar Kavota, vice-président de la Société civile du Nord-Kivu.

Son animosité est d’autant plus forte qu’il considère l’Ouganda juge et partie. La Société civile du Nord-Kivu a en effet plusieurs fois dénoncé l’entrée en RDC de troupes ougandaises venues prêter main forte au M23. Des experts de l’ONU accusent aussi ce pays, et le Rwanda, de soutenir les rebelles – ce que réfutent Kampala et Kigali. Ils affirment par ailleurs que les deux voisins ont appuyé le M23 dans son offensive pour prendre Goma. Lire la suite sur rfi.fr