RDC : le M23 en ordre de bataille-RFI

Une trêve est observée entre l’armée et la rébellion qui déstabilise depuis mai l’est de la République démocratique du Congo. Mais le M23 manœuvre et se dit prêt à riposter.

Kalachnikov ou lance-roquettes en main, quelques dizaines de soldats patrouillent à Rumangabo, dans l’est de la République démocratique du Congo. La plupart portent l’uniforme des forces armées mais le cœur n’y est plus : ils se revendiquent du Mouvement du 23 mars (M23), une rébellion créée en mai et surtout composée d’ex-membres du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), intégré dans l’armée après des accords en 2009.

Sur une terrasse du principal camp militaire de la province du Nord-Kivu, perchés sur les hauteurs verdoyantes, vallonnées et sinueuses de Rumangabo, des mutins jouent au billard. « Nous avons pris le camp à 27 militaires », se vante le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole du M23. Un trésor de guerre car, de là, ils ont une vue imprenable sur leurs positions à Runyonyi, Chanzu et Mbuzi, des collines adossées au Rwanda et à l’Ouganda.

Un calme précaire

Depuis août, on observe une trêve relative et, emmenés par l’Ouganda, les pays des Grands Lacs travaillent à la création d’une force neutre entre la RDC et le Rwanda. Un exercice périlleux. Des experts de l’ONU accusent Kigali - tout juste élue membre non permanent du Conseil de sécurité - de soutenir le M23, ce qu’elle dément. Ils mettent également en cause Kampala, qui réfute, pour des faits similaires.

« Il apparaît clairement qu’avec deux Etats pointés du doigt (…) les mécanismes de paix sont pour le moins grippés, si ce n’est complètement paralysés », analyse un expert de l’International Crises Group (ICG). Les rebelles, eux, multiplient les rencontres. On croise ainsi le colonel Sultani Makenga, chef du bras armé, roulant à vive allure vers Bunagana, ville-frontière avec l’Ouganda où s’est installé le président du mouvement, Jean-Marie Runiga.

Doucement, la trêve semble se fissurer. « De nouveaux mouvements de troupes régulières rwandaises ont été signalés au cours de la nuit du 14 au 15 octobre 2012 sur un nouvel axe du territoire de Rutshuru. Il s’agit vraisemblablement des préparatifs d’une nouvelle attaque », accuse un compte-rendu du Conseil des ministres du 19 octobre, indiquant que l’armée a récemment infligé « une série de revers » au M23. Lire la suite sur rfi.fr