Mise en vigueur au début du mois d’octobre, la mesure vise à combattre le regain d’insécurité. Mais des habitants regrettent les répercussions économiques, et sont forcés de marcher. A l’inverse, le maire et certains de ses administrés dressent un bilan positif.
« La nuit, c’est calme, c’est comme au village », se lamente un tenancier de bar de Goma, la capitale du Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo. Le 9 octobre, le maire de la ville, Naasson Kabuya, a interdit aux motos-taxis d’exercer entre 18h30 et 5h00 pour juguler le regain d’insécurité : des attaques nocturnes à l’arme à feu ou à la grenade avaient fait plusieurs morts et blessés, et leurs auteurs auraient fui en moto.
« A 18h00, tout le monde est à la maison, explique le tenancier de bar, membre de l’association Hôtels, restaurants, cafés (Horeca). Or, nous avons des mouvements de clients à partir de 17h00 et jusqu’à minuit, voire plus tard. Il y a beaucoup de travailleurs qu’on a renvoyés à la maison faute de clients. Moi, la première semaine de la mesure, j’ai perdu 70 % de mon chiffre d’affaires hebdomadaire. Et je crains que ça ne s’aggrave avec le temps. »
« Je n’ai plus beaucoup de clients »
Pour fuir le chômage, les motos-taxis de nuit travaillent de jour. Résultat : les 7 200 deux-roues recensés circulent en même temps, empirant le trafic dans les rues chaotiques de Goma. Aussi, à cause des recettes divisées, les motos-taxis « peinent pour recueillir les sept dollars qu’ils doivent remettre chaque jour au propriétaire de leur moto », commente Sukisa Ndayambaje, président de l’Association des motards, qui avait fait grève le 10 octobre.
Les « filles libres », ou prostituées, sont également affectées. « Ma vie nocturne m’aide à soutenir ma famille, confie Viviane, postée près d’une boîte de nuit presque déserte. Si on ne peut pas se déplacer, est-ce qu’on va nous donner un autre travail ? Parce qu’on ne sait pas comment s’en sortir… Moi, je n’ai plus beaucoup de clients. La plupart du temps je partais à moto avec eux, mais là, je dois compter sur ceux qui ont une voiture, et ils sont rares. » Lire la suite sur rfi.fr