RWANDA : Et si l'Occident était en train de lâcher Kagame? – Slate Afrique

Pendant des années, Paul Kagame a agi, souvent en toute impunité, avec le soutien —et avec les milliards— de l’Occident. Cet appui semble prendre fin.

Voilà plusieurs années que des accusations crédibles de répression et de crimes de guerre pèsent sur le Rwanda, que ce soit à l’intérieur ou en dehors de ses frontières.

Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et nombre de gouvernements occidentaux ferment systématiquement les yeux sur cette situation.

Ils couvrent ce pays d’Afrique centrale de diverses formes d’aide au développement, applaudissent les réformes «exemplaires» mises en œuvre après le conflit, et ils le défendent vigoureusement lorsqu’il est critiqué.

Parmi les accusations formulées contre le Rwanda, on peut notamment citer le meurtre de dizaines de milliers de personnes en République démocratique du Congo (RDC), le soutien de violentes révoltes dans ce même pays et le contrôle illégal du très lucratif commerce des minerais du Congo; le régime serait par ailleurs autoritaire, et réprimerait sévèrement ses opposants politiques, les journalistes et les citoyens.

Cette situation a toutefois évolué cet été 2012, au lendemain de la publication d’un rapport rédigé par un groupe d’experts des Nations unies —rapport qui accuse le Rwanda de soutenir un groupe de rebelles congolais.

L’heure des comptes est arrivée

Un grand nombre de pays donateurs ont —fait incroyable, étant donné la gravité des accusations qu’ils ont jusqu’à présent écartées— soudain décidé de demander des comptes au président rwandais, Paul Kagame.

La porte-parole du département d’Etat américain, Victoria Nuland, a déclaré:

«Le Rwanda soutient le groupe rebelle appelé M23, ce qui nous préoccupe profondément.»

Plusieurs pays sont même allés jusqu’à suspendre leur aide au Rwanda, qui —jusqu’à récemment— était l’un des pays les plus choyés par les acteurs internationaux du développement.

Ces acteurs sont particulièrement actifs au Rwanda: ce pays de 10 millions d’habitants reçoit plus d’un milliard de dollars par an au titre de l’aide au développement.

Pour beaucoup, le Rwanda incarne l’espoir d’une Afrique enfin tirée de la pauvreté. Selon les chiffres gouvernementaux, le pays aurait enregistré un taux de croissance annuel de 8,2% sur les cinq dernières années, et ce malgré la crise économique mondiale.

Le pouvoir prétend avoir tiré un million de personnes de la misère sur la même période. La Banque mondiale applaudit ouvertement les progrès réalisés par le Rwanda dans le domaine du développement.

Kagame —et les gouvernements occidentaux— présentent ce pays comme un exemple de redressement spectaculaire (après le terrible génocide de 1994); comme une preuve éclatante des bienfaits de l’aide étrangère, qui, lorsqu’elle est bien administrée, peut aider les pays pauvres à prendre une longueur d’avance.

L’aide occidentale représente environ la moitié du budget rwandais; aussi Kagame a-t-il désormais plus d’une raison de s’inquiéter. Lire la suite sur Slate Afrique.com