L’armée, qui a achevé son déploiement autour d’Alep, bombardait et livrait bataille aux insurgés dans la ville avant de lancer l’offensive décisive pour le contrôle de cette métropole du nord de la Syrie, enjeu crucial du conflit.
Alors que la Turquie joue un rôle crucial dans l’aide aux rebelles, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton s’y rendra samedi pour y discuter du conflit en Syrie, a annoncé le département d’Etat.
A Alep, l’artillerie a repris le matin le bombardement du quartier Salaheddine assiégé par l’armée et cible la veille du plus violent pilonnage depuis l’ouverture du front d’Alep le 20 juillet, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Des combats se déroulaient dans d’autres quartiers de la ville, poumon économique de la Syrie à 355 km au nord de Damas, a précisé cette ONG qui tire ses informations d’un réseau de militants et de témoins.
L’armée a achevé dimanche l’envoi massif d’importants renforts à Alep et est désormais prête pour la bataille “décisive“, a affirmé à l’AFP une source de sécurité.
“Tous les renforts sont arrivés et encerclent la ville. L’armée est prête désormais pour lancer l’assaut décisif mais attend les ordres“, a affirmé cette source. “Cependant la guerre risque de durer car il va y avoir des batailles de rues pour déloger les terroristes“.
Un important responsable de la sécurité de la région d’Alep avait affirmé samedi que la véritable bataille d’Alep n’avait pas encore commencé et que les bombardements n’étaient que des préparatifs.
“Ce qui se passe actuellement n’est qu’un hors-d’oeuvre et le plat principal viendra plus tard“, avait-il dit, précisant qu’au moins 20.000 militaires se trouvaient sur le terrain. “De l’autre côté aussi, ils envoient des renforts“, avait-il ajouté, en allusion à la rébellion.
Selon le journal Al-Watan, proche du pouvoir, “la mission actuelle (de l’armée) consiste à donner des coups durs aux terroristes, à resserrer l’étau et à renforcer le contrôle des entrées de la ville afin de les empêcher de fuir“.
Le journal a ajouté qu’”entre 6.000 et 8.000 terroristes” se trouvaient à Alep, estimant que des “centaines d’entre eux ont été tués ou blessés“.
Les rebelles disent tenir la moitié de la ville et affirment que malgré les bombardements, de l’artillerie et de l’aviation, les soldats ne parviennent pas à avancer au sol.
Situation figée
Selon des journalistes de l’AFP sur place, la situation semble figée. Les combattants de l’Armée syrienne libre (ASL, formée de déserteurs et de civils armés) et les troupes régulières se battent certes violemment à Salaheddine mais chacun attend encore la grande offensive.
Dans un communiqué, le Conseil national syrien (CNS), plus importante coalition de l’opposition, a accusé l’armée de bombarder le patrimoine architectural d’Alep, qui abrite des institutions publiques.
Sur l’autre grand front du conflit syrien, celui de la capitale, l’armée a affirmé samedi contrôler totalement Damas après avoir repris le quartier Tadamoun aux rebelles.
Ailleurs dans le pays, cinq membres du commandement des rebelles ont été blessés dans le bombardement d’un immeuble dans le secteur de Jabal al-Akrad, dans la province côtière de Lattaquié, selon l’OSDH.
Et dimanche un dissident de marque est arrivé en Turquie voisine: le premier cosmonaute syrien, le général Mohammad Ahmad Fares, 61 ans. L’agence Anatolie a précisé qu’avant d’entrer en Turquie, il s’était rendu au siège de l’ASL à Alep en signe de solidarité avec les rebelles.
Iraniens enlevés
Dans la région de Damas, haut lieu du chiisme, 48 pèlerins iraniens qui se rendaient en bus à l’aéroport ont été enlevés samedi, selon Damas et Téhéran. L’Iran a demandé à la Turquie et au Qatar, qui soutiennent les rebelles, d’intervenir pour les faire libérer.
Les rebelles ont affirmé que parmi ces otages figuraient des membres des Gardiens de la révolution, armée prétorienne du régime iranien, selon une vidéo de la télévision satellitaire Al-Arabiya.
Mais selon un responsable de l’opposition, ce sont les extrémistes sunnites appartenant au groupe clandestin Jundallah qui sont les auteurs du rapt ainsi que du meurtre de 15 partisans du régime à Yalda dans le sud de Damas.
“Jundallah est un groupe islamiste extrémiste qui a un discours religieux basé sur la haine des chiites et des alaouites“, a-t-il précisé à l’AFP, sous le couvert de l’anonymat.
A Yalda, dans une décharge publique, une journaliste de l’AFP a vu samedi une quinzaine de corps, dont certains brûlés ou mutilés. “Ce sont des habitants du quartier qui ont été kidnappés et liquidés par les groupes armés“, avait affirmé le général en charge des opérations dans ce quartier.
Manifestation pro-Assad à Sydney
En Australie, des centaines de personnes ont manifesté dimanche à Sydney en faveur du régime syrien de Bachar al-Assad, et contre toute intervention extérieure dans le conflit.
A l’appel du groupe “Ne touchez pas à la Syrie“, des centaines de personnes, dont beaucoup de familles, ont traversé la ville, brandissant drapeaux syriens et pancartes clamant “La Syrie est notre pays, Bachar est notre dirigeant” ou remerciant la Russie et la Chine pour leur véto contre les projets de résolutions du conseil de sécurité.
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