En prenant la tête des manifestations contre les menaces de balkanisation du pays, le clergé catholique congolais donne l’impression de se positionner en force politique d’opposition.
C’est à une véritable démonstration de force que s’est livrée l’Eglise catholique en République démocratique du Congo, le 1er août 2012.
Le clergé, réuni au sein de la Cenco (Conférence épiscopale nationale) a investi les rues de Kinshasa, la capitale, pour dénoncer ce qu’elle considère comme une balkanisation rampante du pays, avec la rébellion du M23 qui sévit dans l’est de la RDC.
Ces manifestations ont eu une forme un peu particulière: de milliers de fidèles catholiques, arpentant les rues avec des chapelets, des exemplaires de la Bible, récitant des prières et scandant des slogans fortement politiques et patriotiques.
Les prières ont ainsi alterné avec des messages en faveur de la paix et de l’intégrité territoriale du pays:
«RDC, lève-toi et marche!», «Non à la balkanisation du pays!», «La RDC pleure ses enfants»
«Les actions et le discours que mène l’Eglise ne sont pas politiques, indique Mgr Fulgence Muteba, responsable de la communication au sein de la Cenco. Nous prenons fait et cause pour la population. L’Eglise ne peut rester les bras croisés lorsqu’il y a des injustices flagrantes. Nous taire, serait être complice de la souffrance de la population.»
Evangéliser et alerter
En cette période critique, le clergé catholique veut donc continuer à jouer un rôle tout aussi important que celui qu’il a joué dans les moments les plus délicats de l’histoire de la RDC.
C’est qu’observe Félicien Kabamba, enseignant en sciences politiques à l’université de Kinshasa:
«Dans l’est du pays, il y a eu, par le passé, l’assassinat de certains prélats. Ces assassinats ont augmenté la prise de conscience de l’Eglise et de son implication dans le processus politique et son rôle de résistance par rapport à toutes les agressions et toutes les invasions militaires.»
Ainsi, par exemple, en octobre 1996, Mgr Christophe Munzihirwa de l’archidiocèse de Bukavu (province du Sud-Kivu) est assassiné.
Il était critique envers les autorités locales, en ce qui concerne le respect des droits de la personne. Son successeur, Mgr Emmanuel Kataliko, reprend le flambeau, avant sa mort en octobre 2000.
En 1998, il publie un document contre les mauvais traitements infligés à la société civile. Les autorités du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD-Goma), rébellion de l’époque, qui contrôlait le territoire de l’archidiocèse, le relègue, en février 2000, dans sa cité natale de Butembo. Lire la suite sur Slate Afrique.com