Les experts de l’ONU ont présenté le 21 juin leur rapport sur la situation en République démocratique du Congo (RDC). Comme prévu, la partie concernant les soutiens extérieurs à la mutinerie du M23 n’a pas été rendue publique, mais le document fourmille d’informations et de détails. Le point en cinq questions-réponses.
Amputé de son annexe concernant l’aide extérieur dont bénéficieraient les mutins du M23, le rapport controversé des experts des Nations unies concernant la situation en République démocratique du Congo (RDC) a été rendu public jeudi 21 juin. Aucune trace donc des preuves dont disposeraient les experts de l’ONU sur le soutien présume de trois des plus hauts responsables rwandais de la Défense à la mutinerie. Des accusations de nouveau réfutées par la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, lors d’une conférence de presse au quartier général des Nations unies à New York, lundi 25 juin. Les origines, la composition du M23 comme les conséquences de la mutinerie sont cependant détaillées dans le rapport.
- Quelles sont les origines de la mutinerie ?
La crainte du général tutsi congolais Bosco Ntaganda d’une arrestation imminente, comme celle de plusieurs ex-commandants du CNDP « de perdre les privilèges attachés à leurs fonctions et à leurs déploiements » sont les principaux moteurs de la mutinerie, explique le rapport. Profitant de la pression internationale autour du cas Ntaganda, Kinshasa voulait « affaiblir les chaînes de commandement parallèles maintenues au sein des FARDC par d’ex-soldats du CNDP depuis les accords de 2009, (…) et mettre fin au « traitement préférentiel des anciens officiers du CNDP dans les Kivus », précise le document. Une série de réformes et de redéploiements étaient envisagés et ont été explicités aux officiers lors d’un séminaire organisé en mars.
C’est après l’exposé des réformes envisagées, en mars, que la première mutinerie a été déclenchée dans le Sud-Kivu par Bosco Ntaganda.
C’est après cet exposé des réformes envisagées que la première mutinerie a été déclenchée dans le Sud-Kivu par Bosco Ntaganda sur fond de mauvais traitement et de soldes impayées. « Plusieurs ex-officiers du CNDP fidèles au colonel Sultani Makenga, ont fait part de leurs griefs concernant les soldes, les grades et le mauvais traitement général au sein des FARDC, concluant qu’il faudrait une autre guerre pour forcer le Gouvernement à régler ces problèmes », précisent les experts onusiens.
- Comment le M23 et Bosco Ntaganda sont-ils liés ?
La création, le 6 mai, du M23 a été présentée par les fidèles de Makenga comme une volonté de séparer le CNDP du colonel Ntaganda, rapportent les experts de l’ONU. Le commandement du M23 a ainsi « ordonné à tous les anciens officiers du CNDP de ne plus exécuter les ordres du général Ntaganda », peut-on lire. De fait, Makenga a toujours affirmé que la mutinerie du M23 n’avait aucun lien avec celle orchestrée un mois plus tôt par Ntaganda dans le Sud-Kivu.
Le rapport met à mal cette affirmation affirmant que s’il « a joué un rôle plus discret au début de la mutinerie, (…) » le colonel Makenga a rapidement rejoint le général Ntaganda avant mai et la création du M23. « En plus d’assurer le commandement de la mutinerie dans la Sud-Kivu, le colonel Makenga avait prêté main forte aux mutins dans le Nord-Kivu, selon les FARDC et d’anciens officiers du CNDP ».
Et d’expliciter l’imbrication des deux mutineries : « Selon d’anciens officiers du CNDP, le colonel Makenga, tout en cherchant à établir une distinction claire avec les problèmes liés au mandat d’arrêt visant le colonel Ntaganda, avait orchestré la mutinerie afin d’obliger le gouvernement à résister au redéploiement des officiers du CNDP et à les maintenir à des postes de commandement dans l’armée. Le colonel Makenga s’inquiétait de la passation de pouvoir au sein du CNDP si le général Ntaganda était écarté, et il craignait que le gouvernement n’impose le colonel Gahizi à la tête de l’ancien groupe armé. »
- Quels soutiens et financements pour la mutinerie ?
Selon les experts de l’ONU, les mutins ont reçu le soutien de plusieurs groupes armés opérant dans les Kivus.
Le rapport fait également état de contacts entre le M23 et l’ancien commandant du CNDP, le général Laurent Nkunda, actuellement en résidence surveillée à Kigali. « Des responsables politiques du Nord-Kivu et d’anciens officiers du CNDP ont indiqué que le général Nkunda avait encouragé les chefs du CNDP dans les deux Kivus à abandonner leurs postes et à rejoindre le M23 », peut-on lire.
Les mutins auraient financé leurs opérations en détournant les soldes de plusieurs unités et d’autres fonds militaires, en cambriolant plusieurs banques, et par le racket.
Les mutins auraient financé leurs opérations en détournant les soldes de plusieurs unités et d’autres sommes allouées à l’armée, en cambriolant plusieurs banques, et par la mise en place de taxes sur les civils et marchandises.
- Le M23 accusé d’enrôler les enfants-soldats ?
« Le groupe confirme que les commandants du M23 dans le Nord-Kivu ont recruté de nombreux enfants comme porteurs et combattants en avril et en mai 2012 ». Le rapport fait état de plusieurs témoignages de jeunes enrôlés de force par les mutins.
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