GRANDS LACS : La guerre de retour dans la région – Le Figaro

Des affrontements opposent dans l’est de la RDC des mutins de l’armée congolaise.

Fièrement campé, bâton de marche pointé vers l’horizon, le major John désigne les limites du territoire contrôlé par le M23. Une petite enclave entre les collines de Runyoni, Tshanzu et Mbuzi, adossée à la frontière qui sépare la République démocratique du Congo (RDC) du Rwanda et de l’Ouganda. Le reste de la délégation des rebelles, affublés de bottes en caoutchouc et de l’uniforme de l’armée congolaise (FARDC) à laquelle ils appartenaient encore il y a quelques semaines, affiche une assurance sereine.

Après trois années de calme relatif, l’est de la RDC est de nouveau plongé dans la violence. Près de 40.000 personnes ont déjà été déplacées depuis le début du conflit. À Kamungenga, un village sur la ligne de front, les maisons désertées ont été pillées par les soldats, et la population locale, entassée dans une école à une dizaine de kilomètres, ne reçoit pas d’aide humanitaire.

Avec quelque 500 hommes s’opposant à plusieurs milliers de soldats de l’armée régulière, les combattants du M23 mènent pourtant une lutte en apparence inégale. Pourtant, après plus d’un mois d’affrontements, les attaques répétées des FARDC ne sont toujours pas venues à bout des rebelles. Selon certains officiers supérieurs FARDC la raison en est simple: le M23 bénéficie de l’appui du Rwanda voisin.

Une conspiration?

Un récent document de l’ONU révélé par la BBC ainsi qu’un rapport de l’ONG de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) corroborent cette théorie. Selon eux, des responsables militaires rwandais auraient fourni armes, munitions et troupes au M23. Le rapport de HRW cite notamment plusieurs civils recrutés de force au Rwanda. «Nous avons aussi vu beaucoup d’autres militaires de l’armée rwandaise. Je ne sais pas combien. Lorsqu’ils sont arrivés, ils ont enlevé leur uniforme de l’armée rwandaise et ont mis l’uniforme des mutins», raconte l’une de ses recrues qui ont réussi à s’échapper. Kigali nie en bloc tout lien avec la rébellion. La ministre des affaires étrangères rwandaise, Louise Mushikiwabo a qualifié ces révélations de «catégoriquement fausses et dangereuses». De son côté Kinshasa accuse son voisin de servir de base «à la préparation d’une conspiration».

«La relation conflictuelle entre Kinshasa et Kigali est la ligne de fracture prédominante dans la région depuis quinze ans. Si les tensions entre les deux capitales sont ravivées, cela pourrait être très destructeur pour la région», analyse Jason Stearns…Lire la suite sur Le Figaro.fr