RDC : Kamerhe à la conquête de l'opposition – Courrier International

C’est un secret de polichinelle. Vital Kamerhe se verrait bien endosser les habits de nouveau patron de l’opposition en République démocratique du Congo (RDC). Arrivé troisième à l’élection présidentielle contestée de novembre, juste derrière “l’opposant naturel” Etienne Tshisekedi, Vital Kamerhe affiche désormais son ambition de leadership sur l’opposition congolaise, avec nombreux atouts… mais aussi de sérieux handicaps.

Dans une conférence donnée à Kinshasa les 23 et 24 mai dernier, Vital Kamerhe a défendu l’idée d’une opposition “solide” et “unie” après les défaites successives des dernières élections présidentielle et législatives de 2011. Le patron de l’UNC se pose en potentiel recours d’une opposition, qui n’a pas su s’unir avant le scrutin pour faire barrage au président Kabila et qui n’a pas su tirer profit des nombreuses irrégularités du vote pour imposer sa victoire ou faire une pression suffisante sur la communauté internationale.

Après ces élections “calamiteuses” selon l’opposition, Vital Kamerhe, est sans doute le seul candidat à sortir renforcer de ce long processus électoral. Le président Kabila, même réélu, a vu sa légitimité écornée, son pouvoir affaibli et sa réputation ternie par les nombreuses irrégularités du scrutin. L’opposant Etienne Tshisekedi, avec son très bon score (malgré les forts soupçons de fraudes massives) s’est enfermé dans une contestation stérile des résultats, sans aucune porte de sortie. L’opposant historique s’est isolé dans un irrédentisme politique basé uniquement sur la non-reconnaissance de la réélection de Joseph Kabila et sur l’exclusion des quelques voix dissonantes de son propre parti (notamment les députés UDPS qui ont accepté de siéger à l’Assemblée en dépit du boycott imposé par le parti).

Vital Kamerhe a donc gagné son pari : réussir sa mue politique et s’imposer comme l’un des 3 leaders de l’opposition, avec Etienne Tshisekedi et dans une moindre mesure, Léon Kengo. Le challenge était de taille : passer de la majorité “pro-Kabila” à l’opposition en moins de 2 ans et créer son propre parti politique. Car, avant d’être un opposant reconnu sur l’échiquier politique congolais, Vital Kamerhe a passé la majorité de sa carrière politique dans le clan présidentiel, auprès de Joseph Kabila lui-même. Directeur de campagne du président en 2006, co-fondateur du parti majoritaire (PPRD) et président de l’Assemblée nationale jusqu’en 2009, Vital Kamerhe faisait partie du premier cercle des proches de Kabila, avant de démissionner brutalement. La cause du divorce : l’opération militaire conjointe avec le Rwanda dont il n’avait pas été informé. Depuis cette date, il s’est construit patiemment l’image d’un opposant modèle. Certains l’accusent de faire le “grand écart” et d’être passé un peu trop vite dans l’opposition. D’autres lui reprochent son ancienne proximité avec Joseph Kabila, avec qui, il n’aurait pas coupé complètement les ponts (ce qui reste à prouver). Lire la suite sur Courrier international.com