RDC: un expert déplore la baisse de la quantité de poissons dans les cours d’eau

Pêcheurs sur le fleuve Congo, au niveau du Pool Malebo, non loin de Kinshasa. 2004.

A l’occasion de la journée internationale du poisson célébrée ce lundi 24 juin, Mutambwe Shangu, expert en éco-toxicologie du milieu aquatique, a dénoncé la baisse de la quantité de poissons dans les cours d’eau congolais. Il attribue cette situation à certaines pratiques de pêche notamment l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide et d’autres des filets à petites mailles.

« Plusieurs pêcheurs utilisent les moustiquaires imprégnées d’insecticide et d’autres des filets à petites mailles voire même des pagnes ou tissus pour capturer du poisson », a-t-il déploré dans un entretien à Radio Okapi.

Il a indiqué que malgré le potentiel aquatique, le pays connaît de plus en plus de pêcheurs artisanaux, estimés à plus de 200 000.

Selon lui, ces pêcheurs se comptent sur  les réseaux lacustre, fluvial et maritime de la RDC.

Pollution du fleuve 

A Kinshasa, certains pêcheurs déplorent la pollution du fleuve Congo. Selon eux, les déchets toxiques déversés dans le fleuve par plusieurs industries de la ville détruisent l’écosystème et constituent un danger pour la vie des poissons.

«La plupart des sociétés évacuent les déchets dans le fleuve. Et ces eaux polluent les écosystèmes marins », se plaint également Jean-Pierre Beya Dibue, chimiste environnementaliste.

Une réglementation 

En Ituri en Province Orientale, l’Association des pêcheurs du lac Albert plaide pour la réglementation de la pêche dans ce cours d’eau où certaines espèces de poissons sont en voie de disparition, selon la Faculté d’agronomie de l’Université Shalom de Bunia.

Le chef de département d’Agronomie de cette université explique cette situation par le fait que des milliers de pêcheurs ont envahi, depuis des années, les zones réservées à la reproduction des poissons.

La consommation annuelle des poissons par habitant est estimée en moyenne à 5,6 Kg en RDC. Ce qui est nettement inférieur à la norme internationale recommandée par la FAO, soit une consommation annuelle de 21 Kg par habitant.

Valoriser le site Wagenia

A l’occasion de cette même journée, les pêcheurs de Kisangani ont appelé les autorités provinciales à équiper le site Wagenia sur le fleuve Congo à l’entrée de cette ville. Ce site, selon eux, est confronté à plusieurs difficultés: la surpêche, l’utilisation des filets à maille prohibées, l’utilisation des moustiquaires imprégnées  comme filets, la destruction de la biodiversité, la disparition de certaines espèces halieutiques.

Sur cette liste, le président des pêcheurs a ajouté le manque des chambres froides pour la conservation des poissons frais ainsi que le manque d’équipement pour une pêche moderne.

Pour sa part, le gouverneur Jean Bamanisa a promis de mettre à disposition dans un bref délai, plusieurs équipements dont de grands congélateurs. Toutefois, il a appelé à la conscience des pêcheurs pour pratiquer une «pèche responsable» et valoriser davantage cette activité.

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