Bandundu: les paysans de Gungu expérimentent les bienfaits de l’agroforesterie

Une jeune fille plante un arbre le 5 juin 2012 à Kinshasa dans le cadre du programme “Initiative save tomorrow”

Le projet d’agroforesterie de Gungu, lancée en 2009 pour une période de cinq ans, tend vers sa fin. Et les paysans ont souhaité vendredi 30 mai que le gouvernement prenne le relai d’assistance pour le maintien des acquis du projet. Près de deux cents ménages des paysans sont en effet encadrés par l’Association des fermiers agroforestiers de Gungu (Afag), financée par l’Union européenne.

Les fonds reçus de l’Union européenne ont permis de désenclaver de ce territoire de Bandundu, augmenter la production agricole et assurer l’auto suffisance alimentaire.
Ces ménages, répartis en 19 sites agricoles, exploitent 5 000 hectares, où ils produisent, grâce à l’expertise de la Fondation Hans Seidel, le manioc, le haricot, le mais et le niébé.

Le projet a jeté des ponts sur les pistes agricoles pour désenclaver Gungu et a apporté des semences de grande qualité. Le président de l’association des fermiers, Kuyituka Kabeya, affirme qu’ils produisent suffisamment maintenant pour se nourrir et vendre l’excédent :

«Grace à ces semences améliorées, nous avons maintenant le manioc. Nous essayons de produire en grande quantité et la quantité produite permet aussi d’aider ceux-là même qui ne travaillent pas avec nous dans le projet. D’ailleurs nous franchissions de grandes distances. On partait par exemple à 80 km, 70 ou 60 km pour acheter seulement une petite quantité de manioc, qui pouvait nous servir pendant deux jours. C’est fini! Mais avec l’UE, lorsque nous avons appliqué la bouture améliorée, nous n’avons plus de disette dans nos milieux

Plateau des Bateke

L’agroforesterie est un terme générique qui désigne les systèmes d’utilisation des terres et les pratiques dans lesquelles les plantes ligneuses vivaces sont délibérément intégrées aux cultures agricoles et / ou à l’élevage pour une variété plus rentable. L’intégration peut être faite soit selon une association spatiale, par exemple, les cultures agricoles avec les arbres.

C’est ce qui se fait pour la plus part dans le plateau des Batékés dans la périphérie Est de Kinshasa, où on peut retrouver sur le même hectare des acacias mélangés avec le manioc, le niébé et bien d’autres cultures. Cette intégration peut aussi se faire selon une séquence temporelle par exemple, les jachères améliorées.

La Fondation Hanns Seidel avait exécuté avec succès de 1993 à 2004 un projet agroforestier financé par l’Union européenne à Mampu sur le  Plateau des Bateke, depuis 1987. Le projet était destiné à contribuer à la relance de la production agricole locale, afin d’améliorer les conditions de vie des populations rurales.

Le projet d’agroforesterie de Mampu avait innové par l’introduction de l’acacia  dans la rotation des cultures vivrières.  L’acacia, comme toutes les légumineuses, a la propriété de fixer l’azote de l’atmosphère au niveau de ses racines pour le restituer au sol.

Ce maintient de la fertilité des sols est, par ailleurs, renforcé par la dispersion de résidus issus du travail de transformation en charbon de bois des arbres d’acacias abattus à maturité. Le succès de Mampu est justement en train d’être dupliqué dans d’autres contrées de la province du Bandundu, toujours avec le financement de l’Union européenne.

Avantages

Au-delà du maintien de la fertilité des sols dans une région de savane sablonneuse, à priori peu propice à l’exploitation agricole, l’agro foresterie permet de se passer d’un labour mécanique puisque les semis de maïs ou de niébé sur des surfaces nettoyées par brûlis, et ayant été plantées d’acacias auparavant, peuvent se faire directement sans travail du sol.

L’agroforesterie permet aussi de garantir le renouvellement de la forêt sur le moyen et long terme, grâce à son cycle qui repose sur une période de jachère pendant laquelle de jeunes acacias peuvent atteindre leur maturité tout en faisant l’objet d’une surveillance afin de réduire les risques d’incendie.

Enfin, ce processus se déroule entièrement dans le cadre d’un cycle d’émission de carbone neutre.

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