Quatre vingt-dix pourcent des dépôts dans des banques commerciales se font en dollar et quatre-vingt-quinze pourcent des crédits accordés par ces banques sont également libellés en dollar, a affirmé mardi le ministre délégué aux Finances, patrice Kitebi, lors de la réunion de la Troïka, un forum qui regroupe les ministères des Finance et Budget ainsi que la Banque centrale du Congo (BCC).
Pour Patrice Kitebi, la RDC devra s’engager progressivement pour que les transactions de l’Etat, la passation des marchés publics, le paiement des imports et taxe soient acquittés en Franc congolais (FC).
Le FC, explique-t-il n’a pas le statut d’instrument de souveraineté. Ce qui rend inopérant la politique monétaire de la RDC parce qu’elle n’agit que sur la monnaie nationale qui est une petite partie de la masse monétaire en circulation.
Pour atteindre cet objectif, Patrice Kitebi compte sur la stabilité du FC pendant ces trois dernières années tout en expliquant qu’il s’agira de s’y engager sans bousculer les operateurs économiques.
Valoriser le Franc congolais
Le professeur Munkeni, analyste et enseignant du cours d’Economie à l’Université de Kinshasa propose au gouvernement d’interdire la circulation parallèle des autres monnaies étrangères pour permettre au Franc congolais de retrouver ses fonctions essentielles.
Cette mesure favorisera la stabilité de la monnaie locale et permettra au FC de retrouver ses fonctions de définition de prix, de réserve de valeur et de moyens de paiement, estime le professeur Munkeni, analyste économique et enseignant du cours d’Economie à l’Université de Kinshasa, ajoute le professeur Munkeni.
A la question de savoir si la « dollarisation » du marché congolais n’est pas liée au manque de production intérieure suffisante, il répond :
« Non. Dans la zone CFA[les pays utilisant le franc CFA dans pour des transactions commerciales] ils ne produisent pas assez pour l’extérieur plus que nous. Mais il y a interdiction de circulation de monnaie étrangère. »
Quid sur « Dollarisation »
Le dictionnaire wikipedia décrit le néologisme « dollarisation » comme le choix pour un pays d’abandonner sa monnaie nationale pour adopter une monnaie étrangère, qui n’est pas nécessairement le dollar américain, ou de lier le cours de sa monnaie à celui d’une autre. Sous d’autres cieux on parle aussi d’euroïsation faisant allusion à l’utilisation de l’euro hors de la zone euro.
Cette évolution de la « dollarisation » a des conséquences profondes pour l’économie du pays qui adopte cette politique, puisque l’Etat perd toute capacité à ajuster les fluctuations de l’économie par la politique monétaire et de taux de change. Il perd la capacité à dévaluer ou réévaluer sa monnaie, ajoute wikipedia.
Selon toujours ce site, la stabilité et la force de parité de la monnaie de référence parmi les nombreuses devises internationales, avec un risque de crise de change très limité, motivent ce choix. En général, une fois un pays dollarisé, le phénomène est présenté comme difficilement réversible.
Le phénomène de dollarisation est décrié car il porte atteinte à la souveraineté des États économiquement faible, mais présente aussi certains avantages économiques comme la crédibilité internationale et la facilité des échanges.
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