12 octobre 1989 – 19 octobre 2009. Cela fait exactement 20 ans depuis que Lokanga Lua Djua Pene Luambo Makiadi Franco, chef de file de l’orchestre Tout puissant OK Jazz, a quitté cette terre des hommes. Deux décennies après sa mort, Franco Lwambo reste immortel dans la mémoire collective des Congolais. Radiookapi.net fait un retour sur l’homme et l’oeuvre qu’il a laissée.
Né un certain 6 juillet 1938, à Sonabata, dans le Bas Congo, en RDC, de l’union de monsieur Lokanga et de madame Mbonga Makiese, François Lokanga Lua Djua pene Luambo Makiadi, avait des origines tetela par son père et kongo par sa mère. Aîné d’une famille de 4 enfants, Luambo est resté avec sa mère, après le décès de son père, alors qu’il n’avait que 10 ans.
Une carrière fructueuse
Franco a débuté sa carrière musicale en jouant à l’harmonica, avant de rencontrer Dewayon, son maître à la guitare. Luambo a côtoyé également un autre guitariste de renom, Albert Luampasi. A 15 ans, Luambo Makiadi avait déjà enregistré quelques chansons en studio avec le groupe le Watton, de Dewayon.
A 18 ans, plus précisément le 6 juin 1956, Luambo et ses amis montent l’orchestre Ok Jazz. Saturnin, Pandi, Rossignol, Lubelo, De la lune, Essous Jean Serge et Franco sont parmi les premières personnes qui ont constitué cet ensemble, à ses débuts. Oscar Kashama, c’est le propriétaire du bar chez Kassien, le siège de l’orchestre OK Jazz, dans la commune de Kinshasa. Pour remercier le patron de ce bar, les membres du groupe ont jugé bon d’appeler leur orchestre, OK Jazz : « O », comme Oscar, « K », comme Kashama et Jazz, comme genre de musique. D’après une autre opinion, OK, voulait tout simplement dire, orchestre kinois.
La première scission a eu lieu, en 1957, lorsque Essous Jean Serge et Rossignol ont quitté le groupe pour fonder le Roka Mambu. Célestin Kuka et Edo Nganga vont rejoindre Franco dans l’OK Jazz, pour sortir 3 chansons, qui ont mis tout le monde d’accord à l’époque. « Motema na nga epa ya mama », « Aimé ya bolingo » et « Joséphine ».
Luambo est arrêté en 1958 par les autorités coloniales et Bolene le remplace momentanément dans l’OK Jazz. Dans l’entre-temps, ses amis brazzavillois en profitentrnpour regagner le Congo d’en face. Sur place, Célestin Kouka, Edo Nganga, Minot Malapet et Essous Jean Serge, montent le groupe Bantous de la Capitale, en 1959. Franco recouvre sa liberté à Léopoldville et fait appel à Vicky Longomba, Mulamba Mujos, Tshamala Pikolo et Lutumba Simaro.
Kwamy, Verckys Kiamangwana, Youlou Mabiala et Michel Boyibanda sont passés également dans l’OK Jazz, pour faire le bonheur des mélomanes de cette époque. Luambo Makiadi Franco était tellement devenu célèbre au pays devenu alors Zaïre à partir de 1971 qu’il était souvent sollicité pour agrémenter des soirées présidentielles. En 1980, le syndicat zaïrois des musiciens avait baptisé Luambo « Grand Maître » et ses compères l’ont reconnu comme étant le « magicien de la guitare ». Les musiciens tels que Sam Mangwana, Dizy Mandjeku, Josky Kiambukuta, Ntesa Dalienst, Djo Mpoyi, Ndombe Opetum et les autres, étaient venus renforcer l’équipe, d’autant plus que Luambo Makiadi avait mis le paquet pour les avoir tous, dans le Tout Puissant OK Jazz.
Plus de 350 tubes dans 33 ans
Les œuvres à succès, Luambo en avait beaucoup. Elles se sont succédées dans son répertoire. Plus de 350 tubes, il faut le faire, dans 33 ans de carrière musicale, dans l’OK Jazz. De la rumba authentique à la rumba odemba, nom sur lequel qu’il a baptisé sa musique, qui était un peu saccadé. Luambo fut un génie et un phénomène de la musique congolaise.
rnLuambo savait composer des chansons d’amour, des satires, d’humour, des pamphlets, bref, il chantait tout ce qu’il voyait autour de lui. A côté de la musique, Luambo fut aussi un homme d’affaires, car il avait des maisons de production, d’édition, des maisons de pression de disque et autres biens et immobiliers.
En 1982, l’artiste s’est décidé de s’installer en Europe avec tous ses musiciens du Tout puissant OK Jazz pour une durée indéterminée. Il composera beaucoup d’œuvres de bonne facture dont « Makambo eza minene ».
Il fu également un grand dirigeant sportif et à ce titre, il fut à la tête de l’AS V.Club entre 1971 et 1973.
rnEn 1983, Luambo se rend aux Etats-Unis, pour une grande tournée au cours de laquelle il a confirmé sa célébrité auprès des afro-américains.
Le festival Mama Africa en Hollande, précisément à Amsterdam l’a accueilli, deux ans avant sa mort, soit en 1987. On a vu un Luambo très époustouflant et un OK Jazz très mouvementé, comme si le chef de file de ce groupe savait qu’il allait tirer sa révérence, 24 mois après.
L’ombre de la mort
Perte de mémoire, mal des reins et des douleurs atroces, tels sont des signes annonciateurs de la maladie qui a emporté Luambo Makiadi dans l’au-delà.
Au début de l’année 88, Luambo s’est envolé pour Bruxelles, en Belgique où il devait se faire examiner et recevoir des soins médicaux conséquents.
Luambo perd du poids et les spéculations vont bon train à Kinshasa et partout ailleurs. Beaucoup de gens mal intentionnés vont même jusqu’à le tuer dans l’imaginaire avant qu’il le soit dans la réalité. Certains parlent d’un cancer des os, d’autres d’une insuffisance rénale, d’autres encore disent que Franco est atteint du Vih Sida. Luambo est au courant de tous ces racontars. Malgré ses douleurs, il entre quand même au studio et enregistre quelques chansons avec Sam Mangwana et d’autres musiciens de Bruxelles. A travers ce disque, il dénonce tout, en disant en substance : « Tout le monde peut tomber malade, nous allons nous retrouver d’ici peu. Le pays divulgue des fausses informations sur moi. Vous m’avez tué 6 fois. 3 fois à Kinshasa et 3 fois en Europe ».
Peu avant son décès, Luambo a accordé une interview à notre confrère Lukunku Sampu de la RTNC. On a retrouvé un Luambo Makiadi affaibli, avec les grosses lunettes, maigre dans son abacos, livrant le message ci – après aux kinois : « Je reviendrais à Kinshasa, ma mère peut vaquer paisiblement à ses occupations car Dieu m’a guéri ».
Les artistes ne meurent jamais
Le 12 octobre 1989, Franco de mi amor rend l’âme, à l’age de 51 ans, en Belgique, laissant derrière lui, ses musiciens, son orchestre, ses fanatiques, sa famille et ses mélomanes. Il était quand même revenu à Kinshasa, comme promis mais dans un cercueil. 20 ans après la mort de Luambo Makiadi, le monde entier se souvient encore de ce grand guitariste qui a inscrit son nom en lettres d’or dans les annales de la musique congolaise et africaine.
Malgré sa mort, Franco Luambo Makiadi est plus que vivant et reste immortel à travers ses chansons de bonne facture qui demeurent d’actualité compte tenu de la pertinence de sa thématique et de la richesse de son style.
Qui a dit que les artistes ne meurent jamais…