L’ONG de droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) demande au gouvernement de la RDC d’exhumer « sans tarder et de manière appropriée » les corps enterrés le 19 mars dernier dans la fosse commune de Maluku, une municipalité urbano-rurale située dans la partie Est de Kinshasa. Dans un communiqué de presse publié lundi 8 juin, cette organisation internationale a estimé que cette fosse pourrait contenir les cadavres des victimes de disparitions forcées ou d’exécutions commises par les forces de sécurité congolaise.
Pour la chercheuse sur l’Afrique à Human Rights Watch, Ida Sawyer, « Deux mois après la découverte de la fosse commune à Maluku, les autorités congolaises n’ont toujours pas fait la lumière sur l’identité des personnes qui y sont enterrées ».
«On pense qu’il y a plusieurs choses qui sont très suspectes liées à cet enterrement à Maluku. On ne trouve pas normal que ces cadavres aient été enterrés la nuit, et selon des témoins, il y aurait des militaires (…)», a affirmé Ida Swayer.
Elle a indiqué qu’une autre chose suspecte est le décès, la nuit de cette inhumation, «dans des conditions floues d’un infirmier, responsable de la morgue de Kinshasa».
«Sa famille pense que sa mort pourrait être liée à cet enterrement de masse à Maluku», a encore déclaré la chercheuse sur l’Afrique à HRW.
D’après elle, certaines familles cherchent les cadavres de leurs proches qui auraient été exécutés par les forces de sécurité ou seraient portés disparus.
«On pense que l’exhumation des cadavres à Maluku avec l’assistance des experts internationaux pourraient aider à donner la lumière sur [les vraies identités] de ceux qui ont été enterrés dans ce cimetière», a précisé Ida Sawyer.
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«Il n’appartient pas à HRW de se substituer à nos institutions»
En réaction à cette demande, le porte-parole du Gouvernement congolais condamne « la prétention de HRW à se substituer au magistrat qui est chargé du dossier ». Au cours d’une conférence de presse à Kinshasa, il a estimé que seuls les cours et tribunaux de la RDC peuvent exiger l’exhumation des corps pour des raisons d’enquête.
À en croire Lambert Mende, jusqu’à ce jour, la justice congolaise n’a pas encore enregistré des plaintes des familles réclamant la disparition de leurs membres qui soutiendraient l’hypothèse d’exhumation des corps à Maluku.
« HRW demande aux autorités d’exhumer les corps parce qu’il y aurait 34 plaintes, mais des plaintes déposées auprès de qui ? Le dernier rapport du ministre de la Justice faisant état de deux plaintes de deux familles des personnes qui ont parlé d’événement qui n’ont strictement rien à voir avec ceux qui ont été mises en exergue par des personnes qui ont voulu accusé le gouvernement d’avoir commis des crimes dans le cadre de ces enterrements collectifs », a souligné Lambert Mende.
Selon lui, le Gouvernement attend que le magistrat décide parce que le dossier n’est pas clos.
« Si le magistrat estime que l’exhumation est nécessaire, il le demandera mais il n’appartient pas à HRW de se substituer à nos institutions », a martelé le porte-parole du Gouvernement.
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