Les Congolais partagés sur la loi instituant les nouvelles provinces

Des passants devant un des bureaux ministériels provinciaux du Katanga. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Promulguée lundi 2 mars par le chef de l’Etat, la loi de programmation déterminant les modalités d’installation des nouvelles provinces est diversement appréciée par les Congolais. Si elle a été saluée par les acteurs politiques en Ituri (Province Orientale) comme des jeunes à Mbandaka (Equateur) cela n’est pas le cas dans toute la province du Katanga.

Des députés originaires de l’Ituri saluent cette loi qui, selon eux, couronne une longue lutte politique soutenue par toute la classe politique iturienne depuis l’accession de la RDC à l’indépendance.
C’est en 1962 que l’Ituri avait connu pour la première fois son expérience comme province à part entière, autonome de l’autorité de Kisangani. Cette expérience qui n’avait pas fait long feu a été rééditée en 1999 lors de l’occupation de ce district par l’armée ougandaise.
En 2010, trente députés provinciaux originaires de l’Ituri, s’appuyant sur la constitution de 2006, avaient, par une déclaration unilatérale, décrété la province de l’Ituri sans que leur action ne soit validée par les autorités de Kinshasa.
Les politiciens de ce district de la Province Orientale déclarent s’engager également à sensibiliser la population pour les potentiels candidats briguent des postes à tous les niveaux dans la nouvelle province de l’Ituri.
Le député de la Majorité présidentielle, Abdallah Pene Mbaka estime qu’il est temps pour la population doit avoir un œil regardant sur l’autorité de la Province Orientale qui aura bientôt à expédier les affaires courantes en attendant l’installation des nouvelles structures provinciales.
Des jeunes satisfaits à Mbandaka
A Mbandaka (Equateur), l’Union des jeunes patriotes kabilistes (UJPK) a salué la promulgation de la loi sur le découpage territorial en RDC.
Dans leur déclaration politique déposée mardi 3 mars à Radio Okapi, ils justifient leur satisfaction par le fait que cette loi favorise la création d’emplois.
«L’UJPK justifie sa joie du fait qu’à la faveur de ce découpage, de nombreux jeunes en chômage vont trouver des emplois notamment avec la mise en place des structures fonctionnelles de chaque nouvelle province notamment les cabinets des Assemblées provinciales, des gouvernorats, des ministères provinciaux, des mairies ainsi que des banques », a indiqué le président de l’UJPJ, Joël Ilangila.

Il est également persuadé que cette nouvelle loi va certainement contribuer au développement de chaque entité congolaise.

Dans la capitale provinciale de l’Equateur, des Jeunes membres de la Ligue des jeunes du PPRD, le parti présidentiel, saluent aussi la promulgation de cette loi.

Controverse au Katanga
Certains députés provinciaux du Katanga estiment qu’il vaut mieux renforcer la décentralisation au lieu de démembrer les provinces de la RDC. Ils estiment que si la décentralisation n’est pas encore effective le découpage restera un mot vain.
Cet avis est partagé par l’évêque Kilwa-Kasenga, Monseigneur Fulgeance Muteba. Pour ce prélat catholique, la loi sur le découpage territorial vient annihiler l’identité katangaise :
«Cette loi qui a été promulguée vient de consacrer la mort de l’identité katangaise. Les générations futures nous condamneront. L’identité katangaise est une solidarité qui va du Nord au sud du Katanga malgré des problèmes internes. Il y a une solidarité du Katanga à travers ses innombrables tribus mais on ne peut plus en parler aujourd’hui».
D’autres députés katangais sont favorables au démembrement des provinces car, selon eux, il permet de rapprocher les gouvernés des gouvernants.
«Je pense que les anciennes provinces étaient très vastes.  Des anciens gouverneurs avaient des penchants pour tel ou tel coin. En démembrant les nouvelles provinces, on aura à gérer des coins gérables», a souligné le député provincial Clément Mufundji.
Les provinces du Bandundu, de l’Equateur, les deux Kasaï, le Katanga et la Province-Orientale vont être démembrées, contrairement à celles du Maniema, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Bas-Congo, qui devient Kongo Central, et la ville-province de Kinshasa.
L’installation des nouvelles provinces devra se faire en deux phases. Au cours de la première, les provinces non concernées par le démembrement seront installées. La deuxième phase concerne les provinces du Katanga, les deux Kasaï, le Bandundu, l’Equateur et la Province Orientale.​