RDC : des ONG des droits de l'homme dénoncent « l'instrumentalisation de la justice »

Cour suprême de justice à Kinshasa, 2006.

Les ONG des droits de l’homme dénoncent « l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques ». Au cours d’une conférence de presse animée mardi 3 février à Kinshasa, ces organisations ont évoqué plusieurs cas “d’arrestation et de harcèlement judiciaire” à l’encontre des leaders de l’Opposition et des défenseurs des droits humains dans le but les réduire au silence.

Parmi ces associations, Acaj considère comme «illégal et arbitraire» le prolongement de la détention préventive de Jean-Claude Muyambo à la Prison centrale de Makala, la détention au secret de Christopher Ngoyi et les menaces d’arrestation qui pèsent sur Vital Kamerhe.
Ces ONG qualifient de victime d’intolérance politique Pascaline Kudura qui avait été interpellée « pour une affaire civile » à la cour d’appel de la Gombe.
« Pour une affaire purement foncière, où ils avaient acheté un bâtiment qui pose problème, on interpelle [Pascaline Kudura] par mandat d’amener. S’il n’y avait pas mobilisation, elle serait déjà à la prison », a affirmé Me Georges Kapiamba de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj).
D’après lui, l’affaire Kamerhe-Moleka vise à écarter le président de l’UNC de la scène politique.
« Il n’est pas possible qu’après les autres péripéties de l’année passée, qu’on réveille le dossier qui oppose Vital Kamerhe à l’honorable Moleka », a ajouté Georges Kapiamba. La Cour suprême de justice s’est saisie de l’affaire de la députée PPRD, Wivine Moleka, que l’UNC de Vital Kamerhe avait accusé de fraude électorale en 2011.
Ces ONG dénoncent aussi l’absence de procès dans le cas du bâtonnier Muyambo. L’ex-ministre des Affaires humanitaires qui a claqué la porte de la Majorité Présidentielle l’année dernière « est au parquet général et attendu sur base de la copie de mandat d’amener sans plainte sur le dossier », a indiqué Me Georges Kapiamba.
Les ONG recommandent à la communauté internationale de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour contraindre le gouvernement à respecter les droits et libertés fondamentaux dont la liberté d’expression et de faire libérer tous les prisonniers politiques.
« Fausse allégation »
Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, estime que la dénonciation des ONG des droits de l’homme dont Acaj est simplement une fausse allégation et une tentative de faire pression sur la justice.
« La justice est indépendante. Lorsqu’elle prend des décisions ou des initiatives, le gouvernement n’a pas à être tenu pour responsable. Nous pensons qu’il s’agit de faire pression sur la justice, parce qu’on a des amis qui ont des ennuis avec  la justice », a affirmé Lambert Mende.
Dans un État de droit, on doit respecter l’indépendance de la justice, a souligné le porte-parole du gouvernement.
« Lorsqu’on a des gens qui sont en conflits avec la loi, c’est la justice qui doit instruire à charge ou à décharge. Il faut que ceux qui prétendent vouloir travailler avec nous pour mettre en place l’État de droit, ne tuent pas cet État de droit », a ajouté Lambert Mende.​
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