La justice sud-africaine a acquitté et libéré vendredi 28 novembre, faute de preuves, quinze des vingt ressortissants de République démocratique du Congo (RDC) emprisonnés depuis près de deux ans en Afrique du Sud, accusés de complot visant à assassiner leur président Joseph Kabila. Le juge a levé l’ensemble des charges suivant les recommandations du procureur, a constaté l’AFP à l’audience à Pretoria, à l’issue de laquelle les quinze Congolais sont ressortis libres.
Les nombreux témoins qui ont été entendus ont clairement montré que les charges contre ces quinze accusés n’étaient pas aussi lourdes que ce que pensait l’accusation. Je suis ravi pour les quinze acquittés mais je demeure inquiet pour ceux qui restent incarcérés, a déclaré l’avocat de quatorze prévenus, Me Thesigan Pillay.
A leur sortie du tribunal, les anciens détenus qui avaient comparu les chaînes au pied ont été accueillis par une cinquantaine de soutiens qui ont lancé des slogans anti-Kabila.
Depuis le début, je savais que ce jour arriverait, car j’étais innocent. Mais je suis très en colère car on a décidé de nous mettre en prison pendant deux ans pour rien!, a regretté James Jacob Mapima, l’un des accusés libéré.
Dès leur sortie, les prévenus ont aussi affirmé avoir subi des mauvais traitements durant leur incarcération.
Il vaut mieux vivre en enfer qu’être en prison en Afrique du sud. J’ai passé 21 mois, 23 heures par jour, enfermé dans une cellule d’un mètre carré. J’ai aussi fait partie des gens qui ont été torturés et envoyés à l’hôpital, a déclaré David Muyembi, un autre ancien prévenu.
Cinq autres Congolais restent poursuivis pour activités mercenaires et conspiration en vue d’assassinat, notamment Etienne Kabila qui se présente comme le demi-frère du président congolais et considéré comme le leader de ce groupe de rebelles présumés.
Etienne Kabila a néanmoins été remis en liberté surveillée contre une caution de 10 000 rands (720 euros), tandis que les quatre derniers accusés qui plaident tous non coupable restent incarcérés à Pretoria.
Les vingt hommes avaient été interpellés par les autorités sud-africaines le 5 février 2013, grâce au travail d’un policier infiltré à leurs côtés pendant six mois. Ce dernier avait ainsi filmé de nombreuses rencontres et échangé des mails accréditant la thèse de la préparation d’un coup d’Etat.
Les accusés estiment quant à eux avoir été victimes d’un complot piloté par Kinshasa et la police sud-africaine. Selon eux, ils s’étaient réunis pour suivre une formation de gardien de sécurité avant d’être arrêtés.
Le procès a été ajourné jusqu’au 26 janvier prochain. Les cinq accusés toujours poursuivis risquent plusieurs années de réclusion, s’ils sont reconnus coupables.
(Avec l’AFP)
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