RDC: nouveau bilan de l'attaque attribuée aux ADF à Beni, 24 morts

(Au centre, de g.à.d) Martin Kobler, chef de la Monusco et Julien Paluku, gouverneur du Nord-Kivu, assistent à la cérémonie d’hommage aux civils tués mardi à Beni par des hommes armés (Le 17/10/2014).

Le bilan de la nouvelle incursion dans la nuit de vendredi 17 octobre des présumés rebelles ougandais des ADF dans la localité d’Eringeti s’alourdit. Les autorités de Beni parlent de 24  personnes tuées, au lieu de 22.  La société civile du Nord-Kivu dénonce «un véritable génocide», appelant le Gouvernement et la Monusco à agir vite. Pendant que le Parti libéral pour le développement (PLD) exige la démission du ministre de la Défense, le Gouvernement invite la population locale à «coopérer» avec les forces de l’ordre pour gagner cette «guerre de guérilla.» 

Au total, vingt-quatre personnes ont été tuées  au cours de l’incursion des rebelles ougandais des ADF dans la nuit de vendredi à samedi à Eringeti, localité  située à environ 60 kilomètres au nord-est de Beni-Ville. Selon l’administrateur du territoire de Beni, Amisi Kalonda, parmi les victimes se trouvent  neuf femmes, huit enfants, cinq hommes et un militaire FARDC. D’après  lui, les victimes ont été tuées à la hache et à la machette.

La société civile du Nord-Kivu parle d’un massacre des civiles planifié dans la ville de Beni et le territoire du même nom. Son vice-président, Omar Kavota, appelle le gouvernement et la Monusco à agir dans l’urgence:

«On est  en train de s’acheminer vers l’extermination de la population de la ville et du territoire de Beni. Nous sommes en train d’exiger au gouvernement congolais et à la communauté internationale, représentée par la Monusco, de considérer qu’il s’agit d’un véritable massacre. Qu’il s’agit d’un véritable génocide en pleine exécution et de prendre les dispositions qui s’imposent

De leur côté, les jeunes de Beni ont instauré samedi  des brigades de patrouilles nocturnes dans différents quartiers de la ville. Selon Jimmy Kighoma, président du conseil urbain de la jeunesse, il s’agit d’une stratégie d’auto-prise en charge pour la sécurité de cette ville.

«Nouvelle guérilla»

Samedi soir à Kinshasa, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a qualifié ce qui se passe à Beni de «nouvelle guérilla dans l’Est de la RDC»

«Nous estimons que maintenant que les autres [ADF] ont changé leur tactique, les FARDC sont également en train d’adapter leur propre stratégie», a déclaré Lambert Mende, estimant toutefois qu’ «une guerre de guérilla ne peut se gagner ou se perdre qu’avec l’appui ou du fait du manque d’appui des populations.»

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Pour sa part, le Parti libéral pour le développement a aussi déploré ce nouveau massacre. Maître Jean-Paul Lumbulumbu, vice-président de ce parti politique, trouve inacceptable qu’en l’espace d’un mois on enregistre plus de 80 morts dans le territoire de Beni. Ce parti demande au ministre de la Défense «de présenter tout simplement sa démission parce que visiblement la défense de ce territoire échappe totalement à son contrôle

Jean-Paul Lumbulumbu demande en outre à Joseph Kabila de revoir la chaîne de commandement de l’opération militaire «Sokola», menée dans cette partie de la province contre les rebelles des ADF.

Il le déclare dans cet extrait:

 

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Opération conjointe FARDC-Monusco

En réaction à ce nouveau drame, le chef de la Monusco, Martin Kobler, a appelé au «lancement, le plus tôt possible, d’actions militaires FARDC-Monusco conjointes et déterminantes afin de soulager définitivement la population de la terreur qui lui est imposée par les rebelles des ADF

Pour lui, «cette séquence de violences, meurtres, assassinats et violations des droits de l’homme dans le territoire de Beni doit cesser immédiatement.» 

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L’attaque d’Eringeti, ayant fait vingt-quatre morts, est intervenue quelques heures après l’inhumation de vingt-sept personnes tuées mercredi dans le même territoire de Beni. Au moment de la cérémonie funéraire, le maire de Beni avait annoncé la découverte des trois nouveaux corps des victimes dans la localité de Kaduwu.

Selon la société civile, plus de  80 personnes ont été tuées à Beni en l’espace d’un mois. ​

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