RDC: aucun nouveau cas d’Ebola à Boende

Des passagers se font désinfecter à leur descente à l’aérodrome de Boende dans le cadre de la prévention contre la maladie à virus Ebola. Ph Radio Okapi/Jeef Ngoy.

Aucun nouveau malade d’Ebola n’a été enregistré depuis onze jours dans le territoire de Boende à l’Equateur. «La situation est sous contrôle et  sous la maîtrise des équipes de surveillance entre Boende et Djera», a affirmé samedi 4 octobre le Dr Justus Nsio, expert épidémiologiste et coordonnateur du plan de contingence de l’épidémie dans ce territoire.

Entre-temps, dans les rues de la cité, les avis sont partagés sur les origines de l’épidémie.

Le Dr Justus Nsio a assuré que la situation était bien suivie par les équipes de surveillance mises en place:

«La situation de la riposte contre l’épidémie de la maladie à virus Ebola est sous contrôle. C’est dans le calme, parce que toutes les équipes travaillent correctement. Et maintenant, on est à onze jours sans nouveau cas confirmé. Normalement, nous  regardons cette situation par rapport au nombre de personnes qui se font contaminer et ces personnes-là sont dépistées par les équipes de surveillance.»

D’après lui, il faut attendre 42 jours à partir du 26 septembre pour décréter la fin de l’épidémie, à condition qu’il n’y ait pas un autre nouveau cas pendant cette période.

A la question de savoir combien de personnes ont été guéries de cette maladie, Dr Nsio a réagi: 

«Jusque là, nous sommes à 17 % de guérison ici dans la cité de Boende. Mais, il faut se dire qu’au début, c’est toujours comme ça; lorsque la communauté n’est pas très informée et que les cas trainent longtemps à la maison au lieu de se faire soigner au niveau des formations médicales. Ce sont des cas qui ont été dépistés tard.»

Controverse à la cité

La vie à Boende, chef-lieu du district de Tshuapa dans l’Equateur poursuit son rythme normal, en dépit de ce que les habitants considèrent comme l’«extrapolation de la maladie à virus Ebola.» Certains pensent même que «cette maladie a été inventée et importée à la cité» par des gens qui veulent se faire de l’argent.

Au marché de Boende, les gens évitent de se toucher pour éviter la maladie à virus Ebola. Ph Radio Okapi/Jeef Ngoy

«La maladie nous est importée. Nous ne voyons pas les dépouilles des personnes mortes d’Ebola. On apprend seulement les nouvelles de décès et on se protège. Il n’y a pas d’Ebola ici. C’est du mensonge… », a affirmé une vendeuse au marché de Boende.

Une autre frange de la population croit à l’existence de la maladie et insiste plutôt sur l’observance stricte du protocole des mesures préventives. «La maladie existe. Si d’autres personne doutent de cela, c’est par ignorance», a estimé un jeune de la cité. «Nous nous lavons les mains. Nous respectons les conditions hygiéniques », a-t-il poursuivi.

Presque tout le monde évite de se saluer par la main, notamment dans les paroisses où les prêtres se désinfectent les mains avant de donner la communion aux fidèles.

Cependant, certaines personnes se plaignent de la stigmatisation dont font l’objet les malades – même du paludisme – de la part des personnels de la santé. Ces derniers les assimilent tous aux victimes d’Ebola.

«Ici à Boende, lorsque vous tombez malade et vous allez à l’hôpital, c’est la méfiance des personnels de santé qui vous fuient», a témoigné un habitant.

Selon un médecin étranger, on assiste à une «crise sanitaire» en RDC, où «les structures de santé sont déshumanisées.» Il faut bien gérer le stress des malades et des intervenants, a-t-il suggéré.

C’est ainsi que la Monusco a dépêché à Boende une équipe des volontaires pour apporter un appui logistique au système sanitaire et pour la prise en charge psychosociale.

Selon les dernières statistiques du ministère de la Santé, une quarantaine de personnes sont décédées d’Ebola sur les 68 cas enregistrés depuis le mois d’août dernier à Djera, où l’épidémie avait été déclarée.

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