RDC: des tombes introuvables dans les cimetières

Bâtiment administratif du cimetière de Kinsuka le 20/02/2013 à Kinshasa. Radio Okapi/Ph. John Bompengo

Le 1er août de chaque année est une journée dédiée notamment aux morts en RDC. A cette occasion, les familles vont se recueillir sur les tombes de leurs défunts parents. Mais à Kinshasa et à Mbuji-Mayi, des personnes qui ont afflué vers les cimetières ont été désagréablement surprises de ne pas retrouver les tombes de leurs défunts.

Comme à l’accoutumée, le cimetière de la Gombe à Kinshasa a été envahi vendredi par des vivants, à l’occasion de la célébration de la journée dédiée aux morts. Parmi eux se trouvait une femme d’une soixantaine d’années, venue se recueillir sur la tombe de son défunt père décédé depuis 2001.

Elle a déclaré sa grande surprise:

«J’arrive ici et je ne retrouve pas là où il a été enterré. Chaque année, nous venons et nous retrouvons la tombe mais aujourd’hui on ne la retrouve pas. Je suis venue au bureau [administratif du cimetière] pour qu’il regarde dans leur registre. On ne retrouve même pas son nom, je suis très triste!»

Le désordre et le délabrement qui règne dans les cimetières est déconcertant, a déploré M. Kanza, un peintre, qui affirme repeindre bénévolement la clôture du cimetière de la Gombe. Déjà saturé, le site est officiellement fermé.

«La situation est déplorable, il y a beaucoup à faire. Certains viennent joyeux mais ils rentrent en pleurs, puisque ils retrouvent les tombes dans un état déplorable. Ici, on a enterré beaucoup de nos frères, des autorités du pays, des artistes… C’est un musée», a-t-il poursuivi.

Les pierres tombales coûtent cher

Même désolation à Mbuji-Mayi au Kasaï-Oriental. Lors de leur descente dans les cimetières de Tshibombu (périphérie Ouest) et Tshitenga (Est), nombreuses personnes n’ont eu aucun repère pour identifier les tombes afin d’honorer la mémoire de leur feux parents.

Si au cimetière moderne de Lubilanji, on s’efforce de réunir les conditions requises d’enterrement, le tableau est inquiétant pour le reste de cimetières de la ville diamantifère.

A Tshibombu, où est érigé le plus vieux cimetière, il est difficile de trouver des repères. Les pierres tombales, qui pouvaient servir d’indicateurs d’identification, sont à compter à bout de doigts à cause de leur coût élevé.

Les tombes sont érigées pêle-mêle. Rares sont des caveaux qui sont construits dans les normes. Faute d’espace, les tombes se superposent les unes sur les autres dans ce site saturé.

Une famille trouvée au cimetière de Tshitenga ce vendredi a affirmé avoir passé une demi-journée sur place, sans trouver la tombe de leur feu père enterré il y a deux ans.

Beaucoup d’habitants de Mbuji-Mayi plaident pour la fermeture de ces cimetières saturés, en créant «d’autres sites qui réunissent des conditions viables d’enterrement et qui permettent de rendre un honneur et hommage mérités aux morts

Mais à côté de cette désolation, l’occasion de ce 1er août reste propice pour faire de petites affaires aux yeux d’une autre catégorie de personnes.

«Nous vendons des fleurs, des fleurs naturelles et  artificielles, le bouquet coute 1000 francs congolais [environ un dollar américain]», a témoigné une marchands des fleurs.

Lire aussi sur radiookapi.net: