Katanga: un activiste jugé pour avoir appelé les pygmées à se libérer de la domination bantoue

Une famille de pygmées dans un centre des Refugiés de Dongo(RDC) à Betou(RCA) le 18/11/2009. Ph. Don John Bompengo

Le coordonnateur de l’ONG de défense des droits de l’homme Voix des minorités indigènes (VMI), Georges Mbuyi, est jugé par le tribunal de grande instance de Kalemie pour incitation à la haine tribale. Le ministère public l’accuse d’être à l’origine des violences qui ont opposé les communautés pygmées et bantous dans le district du Tanganyika durant le mois de juillet, en appelant les pygmées à se libérer de la domination bantoue.

Selon l’accusation, Georges Mbuyi aurait déclaré aux pygmées «qu’ils ont les mêmes droits que les bantous, qu’ils doivent se libérer de la domination, exploitation, exclusion, privation d’accès aux droits dont ils sont victimes de la part des bantous».

Pour le ministère public, l’activiste des droits de l’homme doit être poursuivi conformément à l’article 1, alinéa 3 de l’ordonnance/loi nº 66/342 du 7 juin, 1966 relative à la répression du racisme et tribalisme, qui stipule:

«Quiconque, soit par paroles, gestes, écrits, images ou emblèmes, soit par tout autre moyen, aura manifesté de l’aversion ou de la haine raciale, ethnique, tribale ou régionale, ou aura commis un acte de nature à provoquer celle aversion ou cette haine est puni d’une servitude pénale d’un mois à deux ans et d’une amende de 500 à 100 000 francs, ou d’une de ces peines seulement.»

Lire ici l’entièreté de cette loi.

L’audience de ce jeudi a consisté à la confirmation des charges du ministère public contre l’accusé qui, de son côté, a rejeté en bloc toutes les accusations en son encontre.

Le ministère public a présenté au tribunal, comme pièce à conviction, un disque compact, dont le contenu n’a pas été révélé.

Le tribunal a fixé au 7 août l’audience de visualisation de ce CD, de l’audition des témoins à décharge, ainsi que la poursuite de l’instruction et les plaidoiries éventuelles.

Georges Mbuyi vient de passer 30 jours à la prison centrale de Kalemie, depuis son arrestation jeudi 3 juillet sur ordre du commissaire de district de Tanganyika, Jean-Félix Ilunga Mpafu.

Ce dernier l’accusait de «donner de fausses informations qui peuvent exciter les gens à s’entretuer.»

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