Affaire Chebeya : la justice sénégalaise se déclare compétente pour juger Paul Mwilambwe

Floribert chebeya au studio de Radio Okapi à Kinshasa.

La justice sénégalaise se déclare compétente pour juger Paul Mwilambwe, un des policiers condamné par contumace par la justice congolaise à la peine de mort pour l’assassinat des défenseurs des droits de l’homme Floribert Chebeya et Fidèle Bazana. Paul Mwilambwe vit actuellement au Sénégal. Les avocats du Groupe d’action judiciaire (GAJ) de la FIDH et des familles de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana ont déposé lundi 2 juin une plainte devant la justice sénégalaise contre lui avec constitution de partie civile.

Paul Mwilambwe a été condamné à mort lors du procès au premier degré de l’assassinat de Chebeya et Bazana, tués en 2010. Il est considéré comme un témoin clé dans cette affaire. En 2012, il avait fait des révélations au journaliste belge Thierry Michel, auteur d’un documentaire sur l’affaire Chebeya.

Dans ce témoignage, le major Paul Mwilambwe avait mis en cause le général John Numbi, ancien patron de la police congolaise, dans l’assassinat de deux défenseurs des droits de l’homme. Il avait également donné des indications sur l’endroit où Fidèle Bazana aurait été enterré. Le corps de ce dernier n’a jamais été retrouvé.

Les avocats des familles Chebeya et Bazana ont demandé la comparution de  Paul Mwilambwe lors du procès à Kinshasa. Sans succès.

Le procès en appel sur ce double assassinat est interrompu depuis mai 2013.

La FIDH a donc décidé de porter plainte à Dakar pour qu’il soit entendu.

« En l’absence de procédure équitable menée dans un délai raisonnable en République démocratique du Congo, nous avons déposé cette plainte au Sénégal afin qu’une enquête impartiale et indépendante puisse être ouverte et que toute la lumière soit faite sur l’assassinat et la disparition forcée dont ont été victimes Floribert Chebeya et Fidèle Bazana. Elle aura notamment pour but de faire entendre Paul Mwilambwe, un acteur de cette tragédie, par un juge indépendant », a déclaré Me Assane Dioma Ndiaye, avocat du GAJ de la FIDH et des familles Chebeya et Bazana.

Interrogée sur cette affaire lors de la 9e conférence des organisations internationales non gouvernementales de la Francophonie, la représentante du président sénégalais auprès de l’OIF, Penda Mbow, a déclaré que le Sénégal étant  un pays de démocratie et de droit, « on peut faire confiance à la justice sénégalaise ».

« Nous pouvons garder espoir et je crois que ce dossier sera traité avec diligence mais en respectant aussi les intérêts des uns et des autres », a-t-elle, expliqué, rappelant que le ministre sénégalais de la Justice, Me Sidiki Kaba, président d’honneur de la FIDH, est un « grand militant des droits de l’homme ».

Pour sa part, le président d’honneur d’« Avocats sans frontières » et président du comité de suivi des ONG de la Francophonie, a affirmé que Paul Mwilambwe a souhaité lui-même faire éclater la vérité dans cette affaire d’assassinat pour avoir été témoin oculaire du crime.

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