Mort de « Morgan » : un député provincial soutient la thèse de l’assassinat

Jeunes homme armées dans le Nord-Kivu.

Le député provincial Joseph Ndiya se dit convaincu que le chef milicien Paul Sadala dit Morgan a été abattu à bout portant par des militaires congolais. Dans une interview accordée mardi 15 avril à Radio Okapi, l’élu de Mambasa, membre de la Majorité présidentielle, rejette la version soutenue par l’armée selon laquelle le chef milicien a été tué au cours d’un échange des tirs entre ses hommes et les militaires congolais.

Paul Sadala est décédé lundi 14 avril, deux jours après s’être rendu à l’armée en compagnie de 42 combattants de sa milice dans la localité de Bandegaido. Selon les FARDC, Morgan et ses hommes ont refusé de se rendre à Bunia pour la suite du processus de leur reddition. Ils auraient alors ouvert le feu contre les militaires congolais envoyés pour les escorter. Touché aux deux jambes, affirment les responsables de l’armée, le chef milicien a succombé à ses blessures.

Mais pour le député Joseph Ndiya-qui a facilité la reddition de Morgan à travers une médiation-, « cette logique ne tient pas ».

« Je ne crois pas [à cette explication]. Parce que si Morgan avait l’intention d’ouvrir le feu sur les militaires, il aurait fait cela à eux à Badengaido, le jour où il était sorti. Depuis Molokaï jusqu’à Komanda, ça fait plus de 200 km, sans passer par une structure sanitaire. Alors que sur place à Molokaï, il y a une structure sanitaire. A Salaté, il y a un centre de santé. A Epulu, à Mambasa, à Mandima, à Lolwa, pourquoi ne pas le soumettre à un premier traitement d’abord ? », s’interroge-t-il.

L’élu de Mambasa estime que si le chef milicien avait été blessé-comme le soutient l’armée-, les militaires qui l’escortaient auraient dû le faire soigner dans un centre de santé de la région.

« Nous comprenons que la mort de Morgan a été planifiée à un certain niveau pour que Morgan ne puisse pas dire des vérités à la population congolaise et plus particulièrement à la population de Mambasa. Je pense que sa mort cache beaucoup de vérités et  ces gens qui l’ont tué, qui ont tiré à bout portant sur Morgan, doivent répondre de leurs actes devant la justice », soutient-il.

« Accusations prématurées »

Pour sa part, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, juge prématurées les accusations du député provincial Joseph Ndiya.

« Etre dans la commission pour le rétablissement de la paix en Ituri ne veut pas dire être à Molokaï là où les événements se sont passés », a-t-il rétorqué.

Il a appelé le député Joseph Ndiya à fournir à la justice les éléments en sa possession pour aider la justice dans ses enquêtes :

« Mais s’il connaît ces choses-là, nous espérons qu’il va les donner à la justice pour que la justice se saisisse de ces éléments ».

Lambert Mende a dit faire confiance à « ceux qui étaient à Molokaï ». « Dire que parce qu’on a été dans la commission [de médiation], on peut dire ce qui s’est passé, c’est un peu aller trop vite en besogne », a estimé le porte-parole du gouvernement.

Lambert Mende regrette par contre que ce chef rebelle soit mort avant d’être entendu par la justice pour plusieurs forfaits.

« Et donc s’il y a des soupçons qui pèsent sur tel ou tel officier, il faut donner de la consistance à ces soupçons. Il faut les articuler devant la justice militaire qui enquête depuis hier sur les circonstances de la mort de Morgan », a-t-il déclaré.

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